Ce film est une souffrance, de ces souffrances qu’on ne devrait pas s’imposer parce qu’elles ne devraient pas exister.
C’est avec une grande brutalité que nous entrons dans la vie de la petite Bernadette (Benni pour les intimes que nous devenons très vite). On la plaint, on la craint, on s’attache, on la rejette nous aussi… et on culpabilise de le faire. La complexité de la situation ne peut pas échapper au spectateur.
Tant de détresse et de violence derrière ce visage blond angélique échappe à l’entendement. Que faire ? Comment l’aider ? Outre la performance magistrale d’Helena Zengel, la question de la gestion des enfants en rupture est posée sans tabou. Malgré toute la dévotion de Micha et de Madame Bafané, héroïques, rien ne peut contenir la furie absolue de cette fille en quête de l’amour maternel.
Cette mère totalement débordée qui ne sait plus comment reprendre le fil de sa vie… il serait si facile de la désigner comme bouc émissaire de cette situation mais la mise en scène subtile de Nora Fingscheidt évite cet écueil.
Certaines scènes sont insoutenables … donc si vous cherchez une comédie romantique du dimanche soir, passez votre chemin… il est effectivement plus simple de fermer les yeux sur la détresse de certains enfants que personne ne sait gérer. Le cinéma sert aussi à mettre la lumière sur ce qu’on ne veut pas voir.