Un film émouvant, des acteurs et des musiques formidables et une approche réussie!
Un film allemand fascinant avec le DJ Paul Kalkbrenner qui tient ici pratiquement son propre rôle. Gloire, drogue, musique, déchéance, art, chute... tels sont les thèmes de ce film émouvant.
Paul Kalkbrenner, DJ allemand de musique électro, tient ici pratiquement son propre rôle étant donné qu'il a lui-même connu la gloire et fait usage de drogue. Le film porte un regard très réaliste sur le monde de certains artistes, lesquels, par la pression du succès, se voient parfois déraper et dériver vers la drogue et le sexe.
Ici, Paul Kalkbrenner campe DJ Ickarus, un DJ qui connaît donc un succès immense, mais qui va finir par tomber à cause de son usage excessif de la drogue. Il va sans dire que son nom est bien choisi étant donné qu'il fait directement référence à Icare dans la mythologie grecque. Toujours est-il qu'Ickarus va se retrouver volontairement et avec l'aide de sa femme dans une clinique à suivre un traitement spécial afin de l'aider à se passer de drogue.
Paul Kalkbrenner brille par son talent d'expression. Le spectateur finit par s'identifier à lui, à l'admirer pour son talent musical et son succès, mais non sans le trouver inquiétant à d'autres moments. Ickarus est égoïste et on doute assez rapidement de l'amour qu'il échange avec sa femme, jusqu'à ce que la séparation arrive. De même, sa patronne ne veut pas publier son dernier album. Ickarus se retrouve donc seul et va tomber dans la déchéance la plus totale, jusqu'à ce qu'on le retienne de force dans la clinique. Il sera alors contraint de suivre le traitement qu'on lui impose et petit à petit, le spectateur assiste à la renaissance de DJ Ickarus. La fin se termine donc sur une bonne note, avec la sortie du nouvel album d'Ickarus, intitulé "Berlin Calling" et avec sa tournée de concerts à travers le monde.
Bien que le film parle à la base d'un sujet délicat qui prête facilement au drame, le réalisateur Hannes Stöhr tire le bon plan en rendant son film comique. Plutôt que de débattre ouvertement sur la problématique de la drogue ou encore de poser un regard moralisateur sur le personnage central du film, Hannes Stöhr choisit de nous présenter son personnage principal de la façon la plus correcte qu'il soit et de nous faire réfléchir à travers les moments dramatiques et comiques. D'ailleurs, pour éviter toute morale, Hannes Stöhr a pris soin de laisser la fin ouverte, fin dans laquelle on retrouve le DJ à l'aéroport, prêt à prendre l'avion pour aller faire sa tournée, tout comme il était à l'aéroport au début du film, dans la même situation. Va-t-il retoucher à la drogue, ou bien a-t-il appris la leçon ? C'est à nous d'y réfléchir, sans pouvoir apporter une réponse définitive à cela.
Un autre point fort du film est la bande originale composée par paul Kalkbrenner himself! Jamais la musique électro n'a pris un tournant si expressif. Les musiques ne font pas qu'accompagner le récit; elles illustrent chaque moment de ce récit, en faisant ressortir les sentiments du personnage principal, depuis les moments calmes, de réflexion et de solitude, jusqu'aux moments de déchéances les plus totales. Citons notamment la musique "Train" que l'on retrouve à plusieurs moments du film. Cette musique contient la sonnerie d'avertissement de fermeture des portes des S-Bahn berlinoises, que Paul Kalkbrenner a enregistré – on voit la scène où il l'enregistre dans le film. La ville de Berlin est magnifique et omniprésente dans le film, et le titre "Berlin Calling" adresse en quelques sortes un message universel.
"Berlin Calling" est pour ainsi dire un film émouvant avec des acteurs et des musiques formidables, qui porte un regard juste sur le monde parfois difficile de l'art. Le spectateur ne ressortira pas indifférent de ce film.
(rédigé le 07/10/2011)