Je savais déjà que Kalkbrenner était un dj merveilleux, mais j'ignorais qu'il avait également de grands talents d'acteurs. Etant une grande amatrice de musique électronique et en particulier de celle de Kalkbrenner, le film n'a pu que me toucher davantage. Une réalité hors du reste du monde est mise en scène ici, celle de la nuit, de la musique enivrante, des corps qui vibrent et se secouent à l'unisson et des esprits qui se perdent, dans une toute autre réalité - entre magie, étrangeté, folie puis profonde tristesse - avec ce risque perpétuel qui pend au nez de beaucoup, celui de ne peut-être jamais en revenir, la faute à trop d'excès incontrôlés. Berlin Calling raconte une histoire, un milieu, une ambiance, un moment de vie et, contrairement à d'autres films traitant des drogues, il évite l'écueil pourtant facile d'une morale bien-pensante à coups de « Les drogues, c'est le mal. » Le milieu de la musique techno est ce qu'il est, et on ne nous dit pas si Ikarus va retoucher ou non aux drogues ou même si cette période mise en scène dans le film est la première ou non d'une longue suite de périodes semblables entre pétages de plombs et prises de conscience.
Par contre, ce que le film nous raconte bel et bien, c'est l'amour de la musique. Il explose à l'écran de façon quasi-perpétuelle : d'abord la musique fabuleuse, omniprésente de Kalkbrenner; puis les foules, conquises, aux quatre coins du globe ; et enfin, cette croyance absolue du personnage pour sa musique, pour son art, cette volonté de continuer à créer, de continuer à faire vibrer.
C'est assez perturbant, amusant et touchant à la fois de voir ce duo mêlé Kalkbrenner-Ikarus, plongé dans le monde de la nuit et de ses vices à Berlin. On ne sait trop dans quelle mesure ni à quel point Kalkbrenner s'inspire de lui-même, de son art, de sa vie pour créer ce personnage. L'acteur, le dj et le personnage se confondent en un seul et unique et finalement, peu importe qui est qui, qui fait quoi... Le résultat reste le même.
Le film raconte, ne juge pas, est dénué de quelques prétentions ou messages que ce soient. A la limite, l'unique volonté qu'on pourrait prêter au film, c'est d'avoir voulu rendre hommage à la musique électronique. Volonté exaucée !