J'appréciais vraiment au début. Le film nous prévient d'emblée que des éléments sont fantasmés et probablement faux, on s'en doutera, mais l'humour omniprésent rend le film plutôt divertissant, de bout en bout. Bon certes, dès les premiers instants des petites choses me gênent question interprètes - j'y reviendrai - mais ça va.
Et puis petit à petit un petit détail vient me titiller, puis un autre, puis un autre, et à la fin, même si j'ai passé un bon moment parce que c'est une fantaisie... trop de petites choses m'ont fait un peu sortir du film. Je veux dire, qu'on ait des conversations ou des moments inventés, c'est inévitable, même si ils ne l'avaient dit en début de film, je l'accepterais, on ne sait pas ce qu'il s'est dit au mot près, dans quelle pièce, quelles circonstances, etc. La scène de relooking avec Lagarfeld, la scène où Bernadette rencontre Sarkozy dans un confessionnal... ok. Je veux bien. Maintenant, j'ai quand même mes limites :
- Côté véracité : Déjà la manière dont le film nous présente Bernadette, on a l'impression qu'elle fait tout, qu'elle sait tout, quand Jacques ne sait rien et ne fait rien. La bête de travail qu'était Jacques Chirac, les millions de mains qu'il a serré, pas montré. Jamais. Ne me dites pas "c'est pas le sujet le film s'appelle Bernadette". Si, ça l'est quand tu fais une comparaison et que malgré le titre, c'est un COUPLE que tu évoques, que tu le veuilles ou non. Et plus encore, la scène où Chirac pisse (et pas discrètement hein, bieeeeen en vue sur les fleurs) dans les jardins de l'Elysée, j'ai du mal à l'avaler.
Mais de surcroît, il y a des moments où on sait, où on a les images, où on a les dates. Le début du film nous a dit avoir du inventer des choses "probablement" fausses. Ça n'est pas possiblement faux, on SAIT que c'est faux. Je passe sur des choses pas bien méchantes comme Jacques et Bernadette au balcon en 95 qui était en réalité de nuit, ou les Guignols appelant Chirac "supermenteur" dès 1998 dans le film pour 2001 en vrai, ça encore, bon, c'est mon côté pinailleur.
Mais plus important : Pour en revenir au balcon, à force de vouloir absolument maltraiter Bernadette en début de film pour justifier son attitude par la suite : On nie le fait que dans la réalité on a vu que Jacques l'a invité à y monter et qu'elle a refusé, quand dans le film il veut l'en éloigner. Mais, hors Niquet de son côté par la force des choses, décision a été prise de dépeindre tous les hommes du film comme des connards même avec une dose de malhonnêteté intellectuelle, flagrante dans ce cas précis.
Sinon Sarkozy est revenu auprès des Chirac dès 1997, vous avez quand même des années dans la vue. Jacques n'a clairement pas appris qu'Hilary Clinton venait en Corrèze plusieurs heures après son arrivée grâce au JT de France 2. Non, Jacques Chirac n'a pas annoncé qu'il ne briguerait pas de nouveau mandat dès 2005. J'en oublie.
- Question comédiens : Catherine Deneuve est formidable, disons-le. C'est la seule interprète jouant une personnalité connue des français, qui a réussi à me faire oublier que c'était une interprète. Michel Vuillermoz est moyennement convainquant à cause du cosplay, on a plus l'impression de voir Jean Castex sans lunettes. Mais au moins il ne verse pas trop dans l'imitation de Jacques Chirac. Car le comédien qui interprète Nicolas Sarkozy n'aurait pas détonné aux Guignols tant il est cliché dans son jeu. Et je suis désolé car j'aime bien cette actrice, mais Sara Giraudeau en Claude Chirac n'est VRAIMENT pas très convaincante.
- Enfin, visuellement. Malgré quelques beaux plans d'ensemble parce que beaux monuments, belles dorures, le film a parfois un côté cheapos alors qu'il a un budget plutôt convenable. Les incrustations moyennes de comédiens dans les images d'archives, les plans serrés pour cacher qu'on n'a qu'un petit pan de décor et/ou pas beaucoup de figurants... d'où parfois une impression de téléfilm.
Je le répète : Je ne me suis pas ennuyé, j'ai ri parfois, ce n'était pas désagréable, et c'est déjà pas mal. Mais trop de choses m'ont dérangé pour que je le conseille sans réserve.