Bernadette Chirac en icône féministe ? Et pourquoi pas, après tout, a dû songer la réalisatrice Léa Domenach, qui avait un temps intitulé son film, La Tortue, comme un hommage à l'animal de compagnie de la Première dame, durant les deux mandats présidentiels de son mari, lequel avait donné ce surnom intime à sa fidèle épouse. C'est une fiction, évidemment, et très orientée, mais avec de gros morceaux de vérité dedans et des personnages réels, croqués avec malice voire férocité (Villepin et Sarkozy sont ceux qui en prennent le plus pour leur grade). On est là pour se divertir et s'amuser aux dépens des machos qui entourent Chirac, sans oublier de rappeler les caractéristique essentielles du président, mais le film va plus loin que la satire, et nous invite même à quelques séquences émouvantes. Ce n'est pas une hagiographie de Sainte Bernadette, mais pas loin, cependant suffisamment bien écrite et mise en situation pour qu'on y prenne un certain plaisir coupable. Notons par ailleurs l'excellence des trucages à la Zelig, qui rendent le long-métrage encore plus savoureux. Côté casting, l'idée était moins de rechercher des ressemblances physiques que de personnifier des caractères bien définis. A ce jeu-là, Catherine Deneuve livre une prestation royale aux côtés des excellents Vuillermoz et Podalydès, entre autres. La famille Chirac n'a pas été consultée avant le tournage et ne devrait guère apprécier le résultat. Le spectateur lambda, lui, aura compris qu'il s'agit d'une d'une fantaisie qui donne une assez bonne idée de "l'élite" politique française de l'époque, dominée par des hommes qui considéraient les femmes au mieux comme des accompagnatrices dociles et serviles.