Lassé de l’orphelinat dans lequel il vit depuis son enfance, Bernie (Albert Dupontel) décide de partir à la recherche de ses parents. Son cerveau malade en a fait des milliardaires américains dont le bébé aurait été kidnappé, mais il va se rendre compte que la réalité est tout autre…
Premier film d’Albert Dupontel, Bernie fait partie de ces œuvres à classer dans la catégorie des objets cinématographiques non identifiés. Comédie autant que tragédie, il est impossible de cerner précisément ce film qui semble le fruit de la folie furieuse d’un Monthy Python en pleine crise de démence.
Bourré de bonnes idées pas toujours bien exploitées, Bernie se caractérise en effet par un sens de l’absurde poussé à l’extrême, qui ne fonctionne malheureusement que par intermittence, basculant trop souvent dans le plus pur mauvais goût, et donnant de l’humanité une vision aussi outrée que désespérante. Paradoxalement, c’est cet aspect foutraque, renforcé par une mise en scène très maîtrisée quoiqu’assez effrayante, qui garantit au film son intérêt tout autant qu’il en détermine les limites, ne parvenant pas à faire fonctionner la poésie baroque et déjantée que Dupontel cherche à développer à la fin.
Mais là où Bernie pèche principalement, c’est surtout dans ses personnages, qui auraient pu, qui auraient dû, être rendus attachants par les souffrances qu’ils traversent, mais dont l’écriture au vitriol interdit toute empathie au spectateur. Une erreur que ne commettra pas toujours Dupontel par la suite, si on en juge par la réussite de son brillant Neuf mois ferme.