1996 a vu débarquer Bernie comme un antisocial dangereux, hyper-violent mais ultra-innocent, première transgression...
Il y a bientôt 30 ans il crachait des becs, arrachait des dreads, son père violait sur un piano, sa princesse se tapait des fix, sa mère fistait analement son géniteur!
Tant de scènes qui pouvaient au choix vous mettre mal à l'aise ou vous rendre euphorique de tant de liberté insolente.
Pour moi ce fut la seconde option, dans un souci de survivalisme social.
Liberté de montrer la misère crue à travers les yeux d'un candide barré nommé Bernie, amoureux d'une camée réaliste (pléonasme?), Bernie s'agitant frénétiquement au milieu de parents dont le seul partage ne fut que celui de leurs fluides.
Bernie fut donc le fruit d'une copulation animale, nerveuse et frénétique, un fruit mal aimé puisque jeté dans le vide ordures alors qu'il n'était qu'un chiard.
Placé à l'orphelinat, il en part adulte, recherchant ses parents bios avec une bonne volonté violente et incontrolable.
Il entame alors une aventure picaresque, boule de flipper brinquebalée entre société de consommation, misère sociale et recherche d'absolu familial qui sera évidemment déçu.
Quelques scènes alors ont fait leur petit bruit, 1996 avait encore quelques limites à transgresser, et Dupontel s'en est gravement amusé dans ce que l'on pourrait appeler une comédie misérable.
Sauf qu'en 2024, le vitriol a perdu beaucoup de son caractère corrosif.
On a vu bien pire en vrai depuis, et Bernie sera bientôt considéré comme un gars normal, juste un peu vénère...
On ne jette plus les bébés dans les vides ordures, on les laisse dans leur poussette en bord de plage à marée montante, on les fout au four dans les kibboutzim ou on les affame par délégation de culpabilité à Gaza. Eh ouais, Bébé Bernie serait limite privilégié de nos jours.
Un viol sur un piano?
De la rigolade comparé à ce qui se fait maintenant, avec découpage post coïtum et stockage en valise sur la voie publique...
La fiction agressive et dérangeante de 1996 est devenue fait divers basique de 2024, et l'on peut se demander si Albert avait imaginé que son pauvre orphelin serait un jour rejoint par de prompts renforts antisociaux.
Quelle accélération de l'histoire, et quel vieillissement du message!
Les furieux artistes monthy pythons se sont transformés en mornes présentateurs de chaîne info.
C'est évidemment beaucoup moins drôle...