1990.
J'avais donc 17 ans et je filais me planquer dans les salles obscures dès que je le pouvais.
Le fauteuil rouge du Palace Arrageois, la pénombre, le son, le rayon de lumière qui se transformait en histoires sur la grande nappe blanche, chaque fois un pari sur mon avenir imminent, allais-je aimer, détester ou m'interroger? Pleurer? Rire? Fulminer ou applaudir?
En tout cas vivre et découvrir, merci le ciné, et merci à ceux qui le font!
17 ans et voir l'échelle de Jacob, moi le petit puceau de province...
Un peu casse-gueule je pense du haut de mes 50 balais, mais à l'époque j'étais heureusement moins pragmatique et je me mettais en danger d'incompréhension ou de hors sujet.
Ce film est resté une madeleine de ciné, un souvenir de la fin de mon adolescence, je le chéris à jamais.
Pas bien tout compris sur le coup, j'avais pas tous les codes ni le spectre cinématographique assez développé.
Mais la certitude d'avoir vu quelque chose de rare, tellement éloigné de la grande vadrouille paternelle ou de la Sissi maternelle.
Un peu barré le film, réussissant à cabosser mes certitudes de rebelle façon Péril Jeune.
Une impression de trouble ressenti jusqu'aux tripes, une expérience physique, une épreuve presque sportive, animale.
J'ai quelques films que je n'ai JAMAIS revus, ou dont je sais que je ne les reverrai jamais.
J'avais adoré Rox et Rouky à 7 ans, je l'ai vomi à 12.
Les madeleines perdent de leur saveur parfois...
Aussi je ne veux pas ternir ce mélange de trouble et de tendresse qui remonte quand je pense à Jacob.
Je ne souhaite conserver que ce souvenir diffus d'un adolescent lové dans son fauteuil en velours prenant une putain de claque par Mister Lyne.
Sacré cinéma, qui tatoue votre existence de moments uniques...