Bernie c'est le film à montrer à quelqu'un sans rien lui dire. Tu le montres, tu te cales dans le fond de ton canapé et tu attends. Au début, il ne se passe pas grand chose. Il y a de jolis effets de caméra qui rendent le ch'milblik esthétique, comme l'oeil de Bernie qui sert de transition avec l'intérieur du conduit de la benne à ordure.
Mais au début, la personne se demande toujours ce que c'est que ce film de malade. Au premier coup dans la gueule, on commence à comprendre, et là ton partenaire filmique commence à se dire "c'est quoi c'machin ?!" Et c'est ça Bernie. Bernie, ça tâche, c'est sale mais c'est à la fois mignon et poétique. Bon, peut-être pas "mignon", je dis ça parce que je suis attendrie par les personnages joués par Dupontel.
Au lieu de montrer du sale à 100%, on se concentre sur des effets implicites (comme la scène de viol sur le piano, dont on entend que les notes retentirent du rez-de-chaussée). L'histoire est tirée par les cheveux, elle ne part que d'un principe bête : Simplet veut la vérité sur sa conception, lui qui s'est accoutumé de sa vie difficile à l'orphelinat. C'est après que ça part en couilles. Parce que les coups de pelles sont trop nombreux, parce qu'il voulait filmer des vieux ou parce qu'il ne comprenait pas que le monde était pourrit, Bernie se retrouve dans la merde un peu malgré lui du coup. Et c'est beau. Parce que Bernie est sincère depuis le début, c'est pas sa faute.
Et le film, c'est pareil, il est sincère depuis le début, c'est pas sa faute si ça tourne au vinaigre. Ca tourne au vinaigre, mais on attend que ça, et c'est pour ça que ce film est génial.