Malgré de somptueuses exceptions (on pense autant à Sidney Lumet, à Spielberg, à Orson Welles qu'à Tarantino), le ou les premiers films de réalisateurs, aussi fameux soient-ils, ne sont jamais de bons modèles.
Si je l'avais vu avec le premier Kubrick - que son auteur reniera par la suite - je ne pensais pas le voir avec Martin Scorsese, dont les films me sont si chers.
Et pourtant ; ce Bertha Boxcar est raté.
Certes il donne à voir quelques bonnes idées, les débuts d'un style que Scorsese aura par la suite le temps de totalement exploiter. Mais le style n'est ici qu'un condensé immature et grossier. Tous les codes de Scorsese sont présents mais tellement exagérés qu'ils en deviennent repoussants, voire ridicules.
D'une économie de moyen totale, le jeune Marty semble se venger par le montage qu'il morcelle de plans originaux mais bordéliques qui donnent une irrégularité totale à l'ensemble. Son film n'a aucune constance ; l'intrigue est basique et un peu sortie de nulle part, les acteurs et les dialogues sont en totale roue libre...
Dans ce film, Scorsese n'aura l'occasion de dévoiler son talent que dans une séquence finale, très réussie, où, par un montage électrique, le réalisateur donne à la violence qui éclate une dimension froide, presque déroutante.
C'est peut être cette scène finale qui fait appel à une future carrière magistrale.