Lorsqu'on pense à des réalisateurs Hong Kongais, de grands noms nous viennent immédiatement en tête : John Woo, Ringo Lam, Tsui Hark, Yuen Woo Ping, Sammo Hung, Ann Hui...
Des réalisateurs moins mainstream sont souvent oubliés, comme Pang Ho Cheung ou, dans le cas du film d'aujourd'hui, Lawrence Ah Mon.
Né en 1949 en Afrique, il suit des études cinématographiques aux USA avant d'aller à Hong Kong pour être embauché en tant qu'assistant réalisateur par Tsui Hark sur son Butterfly Murders. Il entamera ensuite sa carrière de réalisateur en se faisant la main sur des séries télé à sucés, avant de rendre enfin son premier long métrage, Gangs, qui se verra censuré à cause de part son ton trop réaliste et son traitement pessimiste de la jeunesse Hong Kongaise, quelque chose qui deviendra pourtant par la suite sa patte identitaire. Dénonçant la corruption policière avec sa fameuse trilogie Lee Rock qui brossera le portrait d'un policier ayant réellement existé (celui-là même que l'on retrouvera dans Chasing The Dragon, où Andy Lau reprendra son rôle) ou encore la prostitution avec Queen of Temple Street, c'est avec son style sombre, poisseux et quasi documentaire que Lawrence Ah Moon affirme son identité. Son film le plus récent, Dealer Healer, traite des ravages de la drogue au sein de l'ancienne kwoloon walled city.
7 ans après Spacked out, film traitant de l'errance d'une bande de jeunes filles Hong Kongaise, marquant de par sa violence et son désespoir, il signe en 2007 le film dont on va parler aujourd'hui : Besieged City.
Restant dans les thèmes chers au réalisateur, le film nous emporte dans le quartier de Tin Shui Wan, quartier situé dans les nouveaux territoires, non loin de la frontière avec la Chine. Faits divers, meurtres, pauvreté ont fait la réputation de ce qui est considérée comme la zone résidentielle la plus à problèmes du Port aux parfums. Nous allons suivre un groupe de jeunes désœuvrés, sans réels buts, parmi lesquels un jeune homme dont le frère a été hospitalisé se retrouve accusé de meurtre.
Sans se départir de son style quasi documentaire, le réalisateur nous entraîne dans un monde gangrené par la violence qui contamine tout le quartier : domicile familial, écoles, rues... Une plongée en enfer et ce n'est pas la moralité douteuse des personnages qui pourra servir de point de repère pour le spectateur. Le héros principal se fiche de son propre frère, harcelé à l'école et servant de souffre douleur à son père. Sans repère moraux, les personnages sont livrés à eux-même et n'ont aucun frein à leurs comportements auto destructeurs.
Le fil narratif du film est une enquête policière que nous suivront en flash backs révélateurs au fur et à mesure, nous tenant en haleine jusqu'à la toute fin (une fin d'ailleurs glaçante et qui restera longtemps en mémoire, à l'image de nombreuses séquences du film.)