Une chose frappante dans Rouge, c’est sa sobrietée. Que ce soit dans sa mise en scène très posée, en passant par la musique magnifique mais finalement discrète laissant un long silence peser sur l’ensemble du film ; jusqu’à finir par le jeu inhabituellement sobre d’Alex Man ( absolument formidable au passage).
Pour raconter cette puissante histoire d’amour, il fallait cette sobrietée. Pas d’esbrouffe, juste une caméra fixe qui capte l’essence de l’amour, qui traverse le temps et le film pour capturer le spectateur au détour d’un regard mélancolique, d’une chanson fredonnée par Leslie Cheung ou encore par une Anita Mui divine, perdue et amoureuse, à la recherche d’un amour d’un temps jadis dans un Hong Kong moderne, qu’elle ne reconnait pas.
Le film est clairement porté par ses acteurs, deux duos formidables de justesse. Celui d’Anita et Leslie, deux légendes du cinéma Hong Kongais ; réunis dans un étrange et malheureux présage funeste. Lorsque la fiction rejoint la réalité... Très complémentaires, leur couple est magnifié par la caméra de Staney Kwan, tour à tour innocents et tragiques. Sous l’oeil d’Alex Man et d'Emily Chu eux aussi en parfaite harmonie, ils s’aimeront puis seront séparés, jusqu’à la quête d’Anita dans une autre période. D’une profonde mélancolie, la partie moderne du film est très réussie, joignant la modernité d’un monde en plein envol sous le regard du passé et des souvenirs.
Les derniers instants d’un film sont d’une dureté incroyable, surtout le dernier plan d’Anita se retournant une dernière fois vers son ancien amour, vers la caméra, vers le spectateur...
Enrevoir, Mon Amour.