Documenteur

Ce documentaire entend retracer les tentatives de fuite de résidents nord-coréens vers la Corée du Sud, et les conditions atroces (torture, justice expéditive...) dans lesquelles elles prennent place. Il a pour figure centrale un pasteur sud-coréen, tout entier dévoué à autrui et participant directement au périple de l'une des familles.

Cela permet à Madeleine Gavin de mixer thriller à suspense (l'équipe les suit caméra à l'épaule) en milieu hostile et description didactique du contexte historique et actuel, sur base d'interviews et d'images d'archive. Le problème est que le premier finit par phagocyter totalement les intentions instructives du métrage. Non seulement les effets de manche sont légion, mais ce basculement à 180° dans la pire des bluettes hollywoodiennes se révèle idéologiquement tendancieux, voire douteux.

Le film procède d'un double mouvement conjoint d'héroïsation et de diabolisation. Le pasteur fait office de représentant immaculé d'une Corée du Sud qui serait un véritable Jardin d'Eden, tranchant lourdement et de manière presque ridicule avec son corollaire nordique, gravé au marteau-piqueur comme le pire des enfers sur Terre.

Une dichotomie sans nuances qui achève d'imposer Beyond Utopia comme une incarnation des pires travers potentiels de cette forme de cinéma.