Certains réalisateurs de séries B tournent leurs films au « cul du camion ». On pense à Jean-Pierre Mocky en France ou à Roger Corman aux États-Unis tournant « La petite boutique des horreurs » en un week-end pour rentabiliser le matériel et les décors loués pour un tournage tout juste terminé. Vincent Dawn, soit en fait Bruno Mattei et son complice Bruno Fragasso, fait encore plus fort. Ils tournent deux films en même temps. Ainsi « Bianco Apache » a été tourné aux mêmes endroits (la région d’Almeria en Espagne) et en même temps que « Scalps ».
Si « Scalps » est un western tout à fait sympathique et recommandable malgré des dialogues à la vulgarité souvent franchement nanarde, il est difficile d’en dire autant de « Bianco Apache ». En même temps, était-il raisonnable d’attendre de Bruno Mattei deux films corrects ?
« Bianco Apache » saute à pieds joints dès son introduction dans le nanar de compétition grâce notamment à un méchant borgne rigolard avec un cache-œil de magasin de farces et attrapes du plus bel effet tout en se vautrant dans le gore. Tous les acteurs vocifèrent, courent dans tous les sens et meurent absolument n’importe comment. Et puis, les Apaches pointent le bout de leurs nez… Enfin, les Apaches… Des figurants espagnols avec des perruques brunes et de la peinture sur la tête.
Mais la véritable puissance nanarde du film réside dans son acteur principal, le fabuleux Sebastian Harrison qui incarne Ciel Scintillant (oui, oui !) recueilli par le chef Ours Sombre, et qui devient donc le frère de Loup Noir (un indien qui aime les perruques et la musculation) qu’il va involontairement tuer au cours d’une dispute pour les beaux yeux de Soleil Levant (Lola Forner, ancienne Miss Espagne et Miss Monde 1979 vue aux côtés de Jackie Chan dans « Le Marin des Mers de Chine » et qui se demande ce qu’elle fait dans les bras des deux bovins sous stéroïdes).
Il faut dire que Sebastian a de qui tenir car il est le fils du comédien expert ès zéderies, Richard Harrison (« Hitman, le cobra » qui est aussi le scénariste de « Scalps ». Quand, le népotisme est là, le nanar est à son meilleur. Il faut dire que Sebastian a hérité du talent tout relatif du paternel et d’un physique de chippendale. Sebastian passe donc le film torse-nu, à déambuler le regard vide et la bouche mi-ouverte à combattre mollement des méchants très très méchants parce que leur chef est habillé en noir qui font de « Bianco Apache » un « Danse avec les loups » nanar.