Support: Bluray


On ne peut pas retirer à Andrew Niccol d’avoir de la suite dans les idées lorsqu’il s’agit de créer des univers dystopiques aux concepts forts. Scénariste du Truman Show et de l’ambitieux mais bancal Gemini Man, et réalisateur du sympathique S1m0ne et du médiocre Time Out, la qualité en dents de scies des productions finales n’enlève rien à la force de ses thématiques orwelliennes. Et tout démarre avec ce Gattaca, qu’il n’arrivera malheureusement jamais à dépasser.


Dans un monde où l’eugénisme est devenu la norme, et où Ethan Hawke doit lutter contre la prédestination (tiens donc, ça me rappelle quelque chose), le seul espoir valable est celui de la persévérance. Anti déterministe au possible, le personnage va se tracer sa route via une force de caractère qu’il forge dans l’adversité, devant littéralement nager à contre courant pour dépasser sa condition génétique. Il porte sur ses épaules l’ultime lueur de son alter ego, Jude Law dans son premier rôle au cinéma, modèle parfait de la société tombé dans les abîmes par les fruits du hasard, fatalement voué à l’effacement. L’un ne devait rien faire de sa vie, l’autre tout, mais ils réussissent de concert à rebattre les cartes et à prouver que l’homme n’est pas uniquement défini par une formule chimique.


Passionnant comme sujet, d’autant plus lorsque la thématique est portée par l’ensemble des designs de la production, cliniques et froids comme la photographie, aux architectures elliptiques figurant l’ADN se mêlant aux cubes brutalistes propre aux visions les plus pessimistes de notre avenir. Mais malheureusement, ce côté glacial va jusque dans l’interprétation des acteurs, et la tonalité globale du récit, qui, s'il est fondamentalement peu joyeux, a peiné à susciter la moindre émotion chez moi. Le déroulé est limpide et parfaitement huilé, mais manque à mes yeux d’un supplément d’âme qui le rendrait inoubliable. Trop méthodique et pas assez humain, un comble pour un film qui vise à définir ce qui fait d’un homme un homme.


Frakkazak

Écrit par

Critique lue 6 fois

D'autres avis sur Bienvenue à Gattaca

Bienvenue à Gattaca
Rawi
10

Critique de Bienvenue à Gattaca par Rawi

Un des meilleurs sinon le meilleur film d'anticipation existant. Scène d'ouverture, une des douches les plus hygiéniques jamais filmées. Des lambeaux de peaux, tombent dans le bac à douche les uns...

Par

le 31 oct. 2012

183 j'aime

23

Bienvenue à Gattaca
Hypérion
8

Aux biens faits de la génétique s'opposent les bienfaits de la volonté

Bienvenue à Gattaca, c'est l'histoire d'un enfant issu de l'amour plutôt que de la sélection génétique. Sa vie sera donc médiocre, puisque son potentiel ne lui permettra jamais d'aller frôler les...

le 4 oct. 2011

134 j'aime

14

Bienvenue à Gattaca
Sergent_Pepper
5

Eugénisme, peu de génie.

Dans la série des conversations avec mon moi jeune, Bienvenue à Gattaca se pose comme un objet problématique. Un bon souvenir de ce film vu il y a bientôt vingt ans, et qui je crois n’avait pas non...

le 8 janv. 2016

97 j'aime

21

Du même critique

Assassin's Creed: Mirage
Frakkazak
4

Mi-rage, mi-désespoir, pleine vieillesse et ennui

Alors qu’à chaque nouvelle itération de la formule qui trône comme l’une des plus rentables pour la firme française depuis déjà quinze ans (c’est même rappelé en lançant le jeu, Ubisoft se la jouant...

le 10 oct. 2023

19 j'aime

Spiritfarer
Frakkazak
8

Vague à l'âme

Il est de ces jeux qui vous prennent par la main et vous bercent. Des jeux qui vous entraînent dans un univers capitonné, où de belles couleurs chaudes vous apaisent. Spiritfarer en est. Le troisième...

le 9 sept. 2020

13 j'aime

2

Returnal
Frakkazak
9

Gen of Tomorrow

Cinquante heures pour le platiner, et c'est d'ailleurs bien la première fois que j'arrive à aller aussi loin dans un roguelite. Non pas qu'il soit facile, il est même étonnamment ardu pour un triple...

le 30 juin 2021

11 j'aime

6