Bienvenue à Gattaca, c'est l'histoire d'un enfant issu de l'amour plutôt que de la sélection génétique. Sa vie sera donc médiocre, puisque son potentiel ne lui permettra jamais d'aller frôler les sommets, encore moins les étoiles. Il en décide pourtant autrement, et mû par sa seule volonté, parvient par un subterfuge de tout instant à se faire passer pour une merveille génétique et ainsi être candidat à "Gattaca", le programme spatial capable de l'envoyer sur Titan.
Le scénario est simple pour le genre SF, mais parfaitement mis en scène, abordant plusieurs thèmes forts qui se déploient au fur et à mesure (La rivalité entre frères, le déterminisme, la notion de liberté, le concept d'eugénisme de masse sous tendant l'ensemble...) sur fond d'enquête policière.
Bienvenue à Gattaca est un film à l'esthétique parfaite, froide et rigoureuse, dressant un portrait angoissant d'un futur où les prédispositions héréditaires définissent chaque destinée, où la rébellion semble inconcevable tant l'eugénisme a marqué de son empreinte une société humaine aseptisée, à la fois proche et lointaine de notre époque...
Le triptyque d'acteurs Ethan Hawke, Jude Law, Uma Thurman est parfait. Une admiration pour la performance de l'habituel bourreau des cœurs ici à contre emploi, plein de morgue et de dédain dans sa chaise roulante, aigri, blasé, se pliant pourtant à la mascarade de bon cœur, trouvant un sens à sa perfection gâchée.
Un mot sur la musique de Michael Nyman que je ne peux passer sous silence. Décidément ce compositeur ne sait signer que des chefs d'œuvre de BO. Sa partition, à la rythmique toujours si particulière, comme déstructurée, est un parfait contrepoint à l'image glacée de la pellicule, incarnant la part émotionnelle du film, transcendant son final.
Bienvenue à Gattaca est un film qui réussit le tour de force de confondre émotion et réflexion, aucun ne prenant par sur l'autre mais se mariant pour susciter chez le spectateur des sensations uniques.