Les maux pour le dire
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Gros échec public comme critique aux États-Unis, nettement mieux accueilli en France (mais à nouveau peu de spectateurs), « Bienvenue à Marwen » semblait pourtant tout avoir pour être un événement. Une histoire étonnante, une technique d'animation séduisante et surtout Robert Zemeckis derrière la caméra, pour la première fois depuis longtemps à la tête d'un projet résolument original et personnel. Alors que s'est-il passé ? Je ne sais pas exactement, mais je peux au moins trouver quelques explications concernant la qualité du film. Dans l'ensemble, ce n'est vraiment pas mal. J'ai passé une plaisante soirée, sans réel ennui, ne pouvant être qu'un minimum sensible à ce récit intime mélangé à des scènes d'action surprenantes, très novatrices formellement.
Steve Carell est bon, façonnant un héros sympathique et quand même assez bizarre, évitant une idéalisation qui n'aurait été pas forcément été bienvenue. L'équilibre est satisfaisant entre les différentes formes de cinéma que le réalisateur souhaite offrir ici, la présence de la très touchante Merritt Wever dans un personnage aussi réussi qu'attachant étant un vrai plus, éclipsant presque la délicieuse Leslie Mann, toutefois un peu moins irrésistible que d'habitude. Enfin, montrer [spoiler]qu'imaginer quelque chose dans une histoire fantasmée peut parfois être en grand décalage avec la réalité lorsqu'on la réitère[/spoiler] est sans doute à l'origine de la plus belle (et la plus dure) scène de l'œuvre, preuve que l'ami Robert est un minimum lucide quant à ce qu'il raconte.
Pourquoi n'en suis-je alors pas sorti enthousiaste ? Est-ce un problème de narration ? Peu probable, j'ai trouvé cette absence de linéarité judicieuse, tout comme le choix de démarrer bien après le drame. Il s'agit plus d'une impression d'ensemble, notamment sur la fin. Alors que cette histoire avait tout pour m'émouvoir, je ne l'ai pas été tant que ça. Beaucoup de seconds rôles sont totalement sacrifiés : certes, cela est (parfois) expliqué, mais les voir uniquement en figurines et presque pas en « live » diminue fortement leur potentiel (la palme à Gwendoline Christie et surtout Janelle Monáe). Certains aspects restent peu expliqués, l'existence de protagonistes importants à peine évoquée (j'aurais bien aimé en savoir plus sur la dénommée Wendy) : là encore, ça peut se défendre dans la mesure où des personnes importantes dans votre vie n'en font parfois plus partie et qu'être trop explicatif peut vite devenir un problème, mais à ce point... Constat similaire avec la sorcière de Belgique : qui représente-elle ? Qu'incarne t-elle ?
Le traumatisme de l'agression, les nazis, un mélange des deux,
oui, d'accord... et c'est tout ? Pas très subtil, tout comme l'intégration du dénommé
Kurt dans le scénario et son assimilation aux méchants allemands,
tout aussi peu convaincante. Enfin, ce côté très macho du « double » de Mark m'a paru pour le moins appuyé, même si je ne pense pas qu'il faille le prendre trop au sérieux, les femmes occupant manifestement une place de choix dans l'œuvre, cela restant la vision d'un homme légèrement porté sur la chose...
Du coup, moi qui aurais tant aimé adorer « Bienvenue à Marwen », me voilà partagé. D'un côté tous les problèmes évoqués auparavant l'empêche d'être la réussite qu'il aurait dû être. De l'autre, j'ai passé un bon moment, le cinéma ayant très bien su se réapproprier cette incroyable histoire vraie via un univers ô combien cinématographique, décrivant avec souvent beaucoup de justesse le quotidien, la souffrance du héros, comme les différentes étapes
l'amenant à la résilience (lors d'un discours assez convenu d'ailleurs, mais pas trop larmoyant) :
une aventure assez chouette, dont je ne suis pas malheureusement pas sorti les étoiles pleins les yeux comme rêvé. Au moins a t-on retrouvé, même partiellement, le Robert Zemeckis que l'on aimait tant et rien que pour ça, « Bienvenue à Marwen » peut valoir le coup d'œil.
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Créée
le 12 janv. 2019
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