Le personnage ne Mr Chance est installé en quelques minutes. Les bras ballants, le phrasé lent et des yeux vides balayant l'écran d'une télévision les 3/4 du temps. Plus tard, on apprend que ce Mr Chance a vécu à l'écart du monde, reclus dans la maison d'un vieil homme pour lequel il était le jardinier. Ses seules contacts avec le monde extérieur étant la télévision et ses acteurs et animateurs qu'il s'amuse à singer. On se croirait dans le documentaire "The wolfpack". Mr Chance n'est jamais monté dans une voiture, ni dans un ascenseur. Il n'a jamais fait l'amour non plus... Une sorte de Rainman avant Rainman en quelques sortes...
Seulement voilà, lorsque le vieil homme qui lui offrait le gite et le couvert meurt, Mr Chance se retrouve livré à lui même, dans la crasse et la violence de Washington. Mais c'est aussi l'occasion pour lui de découvrir un monde nouveau. Une séquence magnifique, à la fois drôle et tragique, dans lequel Mr Chance ère au milieu de l’effervescence de la ville, le tout sur une sorte de remix de la musique de 2001 version funk ! (un choix musical surprenant que l'on ne retrouvera malheureusement pas dans la suite du film).
Heureusement, Mr Chance porte bien son nom et au lieu de devenir clodo et de mourir de faim et de froid au bout de deux semaines, il fait la rencontre d'une riche famille d'industriels, proches du pouvoir qui va le prendre sous son aile. Ces derniers étant persuadé d'avoir affaire à un business man philosophe. L'occasion alors de développer une série de quiproquos qui vont amener ce jardinier handicapé mental à conseiller le président des Etats-Unis, ce dernier étant persuadé de voir dans les élucubration de Mr Chance sur le jardinage, des métaphores sur l'économie du pays. Soyons honnêtes, ces quiproquos sont le principales ressort comiques du film. Mais elle ne sont jamais lourdingues, jamais trop appuyés. Faire rire ne semble même pas être la vocation première de ce film. Il se dégage à travers l'interprétation de Petter Sellers une douce mélancolie qui n'encourage jamais le spectateur à se moquer de lui. Au contraire, les personnages les plus ridicules sont bel et bien les membres les plus importants du pouvoir. Le président impuissant (au sens propre, comme au figuré), le FBI et la CIA désemparé devant l'absence de passé de Mr Chance ou encore les médias qui se prosternent unanimement devant chacune déclaration florale de Mr Chance.
Bref sous ses aires de comédie vaudevillesque, Bienvenue Mr Chance égratine le pouvoir et les médias et nous donne à la fin une belle leçon de vie.