Le buzz est venu de ce cher et volubile Quentin Tarantino qui claironna, lors du festival de Busan l’année dernière, que Big bad wolves était le meilleur film de 2013. Histoire de le contredire et, accessoirement, de découvrir un éventuel bon film devant lequel prendre son pied, il fallait donc visionner la chose fissa. Pour rester poli, disons que la déception est à la hauteur du volume de décibels quand Tarantino parle (éructe ?) de cinéma. Le film, en moins intelligent et en plus débile (en beaucoup plus débile), pose les mêmes problématiques que dans Prisoners : jusqu’où un père peut-il aller pour venger sa fille ? Que faire de la présomption d’innocence ?
Soit un pédophile supposé avec une tête bizarre (forcément), un père chaud bouillant dont la fille a été violée et décapitée, et un flic à la ramasse réunis au fond d’une cave avec, au programme, doigts brisés, main écrasée au marteau, ongles de pied arrachés et brûlures au torse, tout ça dans la joie, la bonne humeur et la rupture de ton. Sauf qu’absolument tous les effets tombent à plat (la mère qui appelle au moment critique, la minuterie pour le gâteau, l’arabe à cheval, le père et le fils qui discutent barbecue et hot-dogs après une séance de chair grillée au chalumeau…) et l’humour noir aussi, rarement pertinent, jamais opportun.
Aucun des personnages n’inspire la moindre sympathie. Seulement du mépris, juste de l’indifférence. Les enjeux du film sont réduits à de l’esbroufe, à celui qui aura la meilleure punchline, le meilleur gag, la meilleure grimace. C’est assez bizarre en fait. On se dit que le film ne va pas assez loin dans son délire et ses écarts macabres ou, qu’au contraire, il tombe avec facilité dans une violence un peu tape-à-l’œil. La mise en scène de Aharon Keshales et Navot Papushado se résume à des mouvements de caméra stylés et chiadés (belle séquence de générique au ralenti) mais sans originalité, et qui aurait simplement compilé toutes les manies d’un certain genre du noir.
Le dernier plan, d’une putasserie et d’une hypocrisie rares, est censé nous rassurer et justifier tout ce bordel, vain et grotesque : ouf, ils ne l’ont pas torturé ni zigouillé pour rien, ce méchant pédophile avec sa tête bizarre (forcément). Ne rien montrer, nous laisser douter ou même admettre qu’ils s’en sont pris au mauvais gugusse aurait été mille fois plus dérangeant, voire convaincant. Non Quentin, ce truc lourd et ennuyeux n’est pas le meilleur film de 2013. D’ailleurs, l’un des meilleurs films de cette année-là, c’était le tien, c’était ton Django. Et celui-ci ne sera pas le meilleur de 2013, mais bien l’un des plus mauvais de 2014.
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