Un peu trop de drogue dans la réalisation de ce film à mon goût, je ne sais pas qui était en charge du montage mais il devait y avoir pas mal de buvards et de coco dans la salle dédiée. Un des premiers films réalisés par Francis Ford Coppola et celui qui est considéré comme le premier à être vraiment personnel — en tous cas celui qu'il a pu présenter pour valider la fin de ses études. Je ne suis pas très fan de ces cuts ultra rapides qui jalonnent "You're a Big Boy Now" lors de très nombreuses séquences afin de créer une ambiance frénétique, c'est même très usant sur la durée et en un sens représentatif de l'effervescence de ces mid 1960s.
On pourrait grossièrement résumer le projet à une sorte de coming-of-age tardif montrant un protagoniste étouffé par le cocon familial (gros clichés avec la mère poule qui couve trop et le père fouettard dont la menace pèse) et qui doit faire un choix dès sa sortie du nid à New York entre deux modèles féminins. D'un côté une go-go dancer (Elizabeth Hartman) et de l'autre une fille de bibliothèque (Geraldine Page) : les deux pôles sont très clairement esquissés. Coppola s'amuse à tirer sur le stéréotype de la famille américaine très traditionnelle et il en résulte assez naturellement une satire, dont la férocité s'est très probablement dissoute dans les décennies qui nous en sépare. Le thème de la transition que vit / subit le héros est quand même pas mal dilué dans la bouffonnerie de l'ensemble, même si sa volonté d'indépendance et de séparation des figures parentales reste claire. Le rapport à la sexualité est plutôt bizarre, à la fois direct sous un certain angle mais malgré tout relativement prude sous d'autres, la position est un peu précaire. En tout état de cause Coppola joue la carte de l'excentricité à fond, à la limite de la screwball et de la Nouvelle Vague.