La Nouvelle-Orléans et son air moite et ivre, hors des Etats-Unis, hors du temps. Le cinéma des années 80 dans ce qu'il avaient de plus kitsch, criard et maladroit, mais aussi de plus sincère et mélancolique, sous la pellicule de blagues machos et de paillettes au synthé. Une structure narrative foutraque qui donne parfois l'impression de suivre le fil organique d'une série plutôt que celui, censément plus harmonieux, d'un long-métrage, rappelant le travail que ferait sur ce plan Michael Mann avec son décrié Miami Vice. Une intrigue-prétexte qui sert essentiellement à dézinguer des fuures gueules connues dans un climax pétaradant classique eighties (Comme un oiseau sur la branche, anyone ?). Un premier degré qui surgit de nulle part, dans le dernier tiers du film, et émeut presque par sa naïveté. Dennis Quaid dans un spectaculaire numéro de cabotinage (en faire tant de tonnes et s'en sortir indemne à la fin, sinon plus appréciable encore, voilà un sacré signe de charisme). Ellen Barkin, à la fois blonde fantasmatique et petite intellectuelle binoclarde gauche en diable, seule capable à donner corps et vie à ce mélange improbable.

Une des scènes de sexe les mieux fichues qu'il m'ait été données de voir, irradiantes d'érotisme alors que la plupart des vêtements n'ont pas totalement touché le sol, loin, trèèèès loin de la mode du nu total qu'érigerait en canon Basic Instinct, cinq ans plus tard. Quelque chose d'unique dans ce petit film qui ne paie pas de mine, mais te colle à la peau comme une chanson d'été, légère et juste. Quelque chose qui me fait monter ma note de six à sept, parce que de nos jours, on ne serait pas contre troquer un peu de bétonné/balisé pour du caractère et de l'imprévisibilité.

Imprévisibilité : pas Kevin Spacey se révélant être Keyser Söze à la toute fin du film, non ; juste un travail suffisamment peu professionnel pour te surprendre au moindre coin de rue, esquinté et magnifié par sa liberté de passionné bordélique. Kudos to you, McBride. Les eighties me manquent. Je sais, je n'avais que huit ans, mais ça ne change rien. Je me souviens d'une pub pour Marlboro, à la télé. Ou pour Gitanes, je ne sais plus. C'était quand même autre chose.
ScaarAlexander
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le 19 mars 2013

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