Après la très médiocre singerie de son long-métrage précédent, Tim Burton se devait de redresser la barre. Et pour cela, rien de tel qu'une petite histoire de celles que l'on conte à ses enfants ou à ses neveux, au coin du feu...
Big Fish, c'est l'histoire de Patrick Bruel se rendant à Las Vegas pour un tournoi de poker et... Ah non, c'est pas ça... Je reprends : Big Fish c'est l'histoire d'un beau parleur qui a fini par saouler son fils avec ses histoires invraisemblables. Déjà parce qu'il ne cesse de tirer à lui la couverture au cours des réunions de famille, ensuite parce qu'il a l'impression de ne pas véritablement le connaître, et enfin parce que ça ne l'a pas trop aidé à grandir et à se construire face à une réalité moins idyllique ; finissant même par le traiter d'imposteur. Surtout que l'histoire préférée de ce papa, c'est celle d'un poisson-chat géant qu'il aurait attrapé avec son alliance comme appât, et qui lui aurait fait rater la naissance de son fils - encore lui. Ce dernier ne lui a plus parlé depuis 3 ans, mais la mort imminente du paternel le ramène à son chevet.
Le film se déroule donc en deux parties : cette phase de retrouvailles compliquées, émouvantes par petites touches mais globalement ennuyeuses, aux notes d'une musique énervante et invasive ; et celle des histoires de papa, qui pour le coup nous embarquent dans un univers coloré, créatif, amusant et plutôt bien rythmé. Un univers partant du principe d'un héros (le père durant sa jeunesse) qui, ayant vu sa future mort dans l'oeil de verre d'une sorcière, n'aura plus jamais peur de rien et pourra prendre tous les risques possibles, profitant au maximum d'une vie dont il deviendra le winner. Une excellente idée, et très bien illustrée dans l'ensemble.
Ceci dit, les épisodes de cette histoire n'ont pas tous la même efficacité, mais certains, comme ceux du premier passage dans la ville de Spectre - avec notamment ce poète en manque d'inspiration tellement il n'y a rien à dire sur leur faux bonheur -, ou encore le coup de foudre au cirque et l'histoire qui s'en suivra, parviennent même à rendre heureux. A rendre amoureux. Après, sur le fond, en dehors de petites piques contre le système économique de propriété, ou les contrats abusifs, il n'y a quand même pas grand-chose. Si ce n'est que bon, à l'image de la passation finale entre le père et son fils, ce dernier aurait compris que peut-être son géniteur avait raison : se raconter et raconter des histoires c'est ce qu'il y a finalement de mieux à faire. Mais pas de quoi convaincre réellement.
Enfin voilà quoi, une belle histoire mignonne et positive, de bonnes idées de mise en scène, une réalité beaucoup plus ennuyeuse, un Ewan McGregor par moments très bon, un final un peu longuet, et le talent encore présent de Tim Burton, font de Big Fish un bon film, mais auquel il manque un petit je-ne-sais-quoi pour m'enthousiasmer totalement.
7,5/10