Tim Burton s'interroge sur la paternité. Il signe ici l'adaptation d'un livre mais peut-être étrangement l'une de ses œuvres les plus personnelles, totalement imprégnée de son univers:
Tim Burton a grandi à Burbank, banlieue de Los Angeles siège de nombreux studios de cinéma (dont Disney). Cette ville, aux couleurs idéales reflétant une image de carte postale d'où rien ne dépasse, est à la fois un foyer et une prison pour le réalisateur, un lieu où l'on ne peut s'épanouir pleinement. Edward Bloom est le héros de sa ville, une ville parfaite, qui l'aime à tel point que le maire en signe de reconnaissance lui en remet les clés. Mais Edward rêve d'aventure, il veut vivre autre chose et souhaite s'affranchir d'un itinéraire tout tracé.
La laideur et la peur de ce qu'on ne comprend pas est aussi une des obsessions du réalisateur. Dans sa jeunesse, Tim Burton était un garçon solitaire, souvent perçu comme quelqu'un d'effrayant car incompris. Tout cela transparaît dans son œuvre: Vincent est un garçon solitaire, incompris de tous, même de sa mère. Edward aux mains d'argent vit isolé, et le jour où il fait incursion en ville, il est rejeté de par sa différence. Le pingouin dans Batman vit sous Gotham city, mis au ban par la société à cause de sa difformité, sa méchanceté n'est qu'une manière de prendre sa revanche. Les exemples sont multiples. Ici, Tim Burton réunit dans Big Fish tout un florilège de "monstres" autour du personnage principal: géant, sorcière, sœurs siamoises, loup garou ... Toutes ces figures de l'imaginaire d'Edward, vues par son fils comme de la pure fantaisie, s'avère en réalité être des personnes hors-normes.
Bien entendu, nombreuses sont les apparitions à l'écran de l'imagerie burtonnienne: forêt tortueuses, portes, cirques, spirales, le parallèle rêve/ réalité.... Ce film si il est très lumineux correspond quand même tout à fait à l'univers Burton.
Les acteurs sont tous d'une justesse étonnante. Ewann McGregor est sur le point de détrôner Johnny Depp dans mon cœur, tant son jeu arrive encore à me surprendre.
Je pourrais écrire des pavés entiers sur ce film, tellement il m'a touché aux tréfonds de mon âme et tellement je trouve chaque image riche de sens. Il évoque des sujets qui me parlent particulièrement, tant et si bien que j'ai beaucoup de mal à le regarder (j'ai du lvoir le DVD que je conserve religieusement 2 fois, car après s'en suis des séances de larmes interminables).
En effet, Big Fish a sur moi un effet assez dévastateur, mais malgré tout, je dirais que c'est sûrement mon film préféré. C'est beau, c'est incroyablement dur (imaginer la perte du père), ça résonne de partout au fond de moi, et à chaque visionnage se mêlent larmes de tristesse et larmes de joie. Plus que tout, Burton réalise un film d'Amour, l'absolu qui se retrouve sous toutes ses formes: il peut être attaché à un lieu, il peut s'agir de la rencontre et le chemin parcouru avec l'être aimé, il prend aussi la forme de l'amour filial, de l'attachement à ses racines.
C'est complètement enchanteur, et si l'histoire est dure, elle est étonnamment positive. Le film se clos par la chanson de Pearl Jam "Man of the hour" qui me fait encore frissonner. Rien que l'entendre me replonge dans le monde enchanteur peint par Burton. Et puis, mes fleurs préférées sont les jonquilles ....