Big Hit fait partie de ces films qui réussissent l'exploit de vous faire regretter les années 90, époque pas si lointaine durant laquelle les studios ne se pliaient pas encore à toutes les requêtes castratrices des censeurs de la MPAA. Certes, le risque était plutôt limité vu le faible budget de ce film produit entre autres par John Woo et Wesley Snipes. Mais cela montre aussi que la qualité d'une comédie d'action tient plus au talent de ses géniteurs qu'à l'épaisseur de leur compte en banque.
Sans atteindre des cimes d'intelligence (ce n'est pas ce qu'on lui demande de toutes façons), Big Hit regorge de très bonnes idées, autant dans l'écriture que dans la réalisation. Surtout, et c'est ce qui fait tout son charme, il se montre aussi désinhibé dans l'humour que décomplexé dans ses scènes d'action démesurées qui ne se refusent jamais une ch'tite explosion. Débauché à Hollywood en plein boom des réalisateurs HK, Che-Kirk Wong amène une belle énergie à un film branché en permanence sur 10 000 V et bourré de références, dont une hilarante parodie de la scène de poterie dans Ghost.
Parti pour être un film de bande, Big Hit révèle petit à petit sa vraie nature pour finalement se concentrer sur la revanche d'un loser à la gentillesse pathologique. Belle pichenette à l'archétype viril du héros d'action hollywoodien, Melvin reste d'un calme olympien dans la castagne, mais souffre de soucis gastriques à l'idée de ne pas plaire à son entourage. La fragilité de Mark Wahlberg tombe pile dans le registre qui rendait sa première moitié de carrière tellement plus intéressante que la seconde. Autour de lui gravitent d'excellents numéros, notamment Lou Diamond Philips qui passe graduellement de connard à salopard, Lainie Kazan qui campe une très bonne mère juive, ou encore la découverte China Chow.
C'est d'autant plus triste de constater que la plupart des membres de l'équipe du film ont depuis disparu de la circulation, à commencer par son réalisateur. Yep, définitivement, Big Hit appartient à une autre époque.