Big Jake fait partie des westerns de la fin de carrière de John Wayne, comme Chisum, Rio Lobo, les Voleurs de trains, les Cordes de la potence ou Une bible et un fusil, souvent moins chargés en psychologie et moins subtils que les classiques qu'il a tourné avec Ford et Hawks, mais tout aussi plaisants. Tourné juste après Rio Lobo, ce film est intéressant parce qu'il montre un personnage âgé qui a vécu, avec un aspect touchant de vieux cowboy, mais capable d'en remontrer encore et de manier le revolver, surtout face à une bande de canailles qui a kidnappé son petit-fils (joué par son propre petit-fils, Ethan).
Retrouvant de vieilles connaissances (Sherman et Maureen O'Hara, même si celle-ci a un rôle secondaire), Wayne est parfaitement à l'aise dans ce western qui ressemble à ses derniers westerns que j'ai cités plus haut, le rôle est bâti pour lui, il peut y démontrer son aisance de patriarche à qui il ne faut pas chercher des poux dans la tête. On retrouve donc la plupart de ses gimmicks, de même qu'il est bien entouré par un casting de familiers qui l'ont côtoyé souvent comme Bruce Cabot, Chris Mitchum, son fils Patrick Wayne, Harry Carey Jr, Glenn Corbett, John Doucette, Jim Davis, John Agar, ou Hank Worden (plusieurs acteurs fordiens), et qu'il est opposé à un adversaire de taille, le patibulaire Richard Boone, l'un des plus fabuleux acteurs "à gueule" qui a tenu de nombreux rôles de méchants à Hollywood.
L'ensemble est solidement réalisé par Sherman, c'est carré et ça pétarade ferme, sans baisse de rythme, tout en glissant de petites touches d'humour sur le progrès (l'action se passe en 1909) qui pénètre dans ce vieux Far West symbolisé par Wayne alors au crépuscule de sa vie. Le film est tourné en 1971, il est aussi typique des années 70, comme en témoigne la scène finale qui accumule une violence sadique, voire sanglante assez poussée pour l'époque et qu'on ne voyait pas encore dans les westerns de la décennie précédente. Le western suivant de Wayne, les Cowboys, sera du même tonneau niveau violence.