À Rome, des commerçants sont violemment rackettés par des voyous d'une organisation mafieuse dirigée par un certain Rudy le Marseillais. Ils sont surveillés de près par l'inspecteur Nico Palmieri et son adjoint, le sergent Salvatore Velasci. Devant les méthodes expéditives du gang, aucune victime n'accepte de témoigner.
Big Racket (titre original : Il grande racket) est un poliziottesco italien coécrit et réalisé par Enzo G. Castellari, sorti en 1976. Enzo G.Castellari a tourné près de 50 films dont pas mal de westerns spaghettis (Keoma), de fictions dystopiques (Les guerriers du Bronx) mais aussi des poliziottesco, un sous genre typiquement italien du thriller, souvent excessivement violent, noir et amoral.
Les années de plomb en Italie Lien wikipedia
Moins célèbre que Milan calibre 9 ou La rançon de la peur, Big racket rejoint la longue liste des poliziottesco manichéens des "années de plomb" en Italie. Les bad guys sont de véritables salopards sans foi ni loi qui rackettent notamment les restaurateurs et commerçants de la Piazza Navona à Rome ("Passage à tabac", racket organisé, incendies des biens des commerçants récalcitrants, viol de petite fille mineure...). En raison de la loi du silence, rien ni personne n'a pu les arrêter jusqu'à présent. La police est déjà débordée avec les attentats des révolutionnaires d'extrême gauche et leurs doubles inversés, les activistes néo-fascistes.
Même l' inspecteur Nico Palmieri (Fabio Testi) se retrouve à l'hopital après que la bande de malfrats ait précipité son véhicule du haut d'un terre plein de la ville. Les exactions de plus en plus graves s'accumulent, l'enquête piétine, Nico Palmeri est renvoyé de la police par le procureur après une opération montée sans l'aval de sa hiérarchie . Il n'a plus rien à perdre...
Vendetta! Vendetta!
L'ex inspecteur va former une équipe pour éliminer la bande de tueurs dont certains des chefs ne sont pas connus des services judiciaires. L'équipe de 5 hommes qui ont tous une bonne raison de vouloir atomiser ce ramassis d'assassins va leur tendre un guet apens dans une usine désaffectée alors que l'ensemble des effectifs mafieux venant de tout le pays, et même de France, seront au complet pour recevoir des consignes sur le développement des activités criminelles à venir.
Les 25 dernières minutes du film sont assez jouissives. Bien qu'en surnombre, les mafieux, exécutants comme décideurs, victimes de l'effet de surprise, se font éliminer les uns après les autres, prouvant que même si cela ne répond pas aux règles de l'Etat de droit, le film se fait fort de démontrer qu'il vaut mieux parfois exercer "la loi du talion" que de livrer des criminels endurcis aux tribunaux. On apprend alors alors que le big boss de l'organisation n'est autre que l'avocat des criminels. Ce dernier qui a toutes les qualités du psychopathe, rêvait de mettre toute l'Italie à l'amende et d'éliminer sans hésitation et par tous les moyens tous les ceux qui ne paieraient pas l'impôt mafieux.
Big Racket est un film manichéen et sans nuances, violent, noir et pessimiste où toutes les situations tournent au cauchemar pour les victimes et où le spectateur ne peut que se ranger que du coté des justiciers. Dans l'esprit, Big Racket illustre très bien la radicalité de nombreux films bisseux transalpins tournés entre 1970 et 1980, mettant en scène une Italie à la dérive livrée à des gangs meurtriers ultraviolents. Le film flatte la vengeance privée mise en exergue dans le film au détriment de la justice pénale. Big Racket n'est pas non plus sans rappeler les vigilante movies tournés aux Etats-Unis à la fin des années 70 (Un justicier dans la ville....).
A l'époque, l'enlèvement et l'assassinat d'Aldo Moro par les brigades rouges (1977), mouvement radical d'extrême gauche, puis l'attentat de la gare de Bologne fomenté par la loge maçonnique d'extrême droite Propaganda Due (P2) en 1980 pousseront les autorités à reprendre le pays en main, en l'ancrant dans la sociale démocratie et en éradiquant toute dissidence révolutionnaire. Le genre du poliziottesco aura vécu...
Sur le sujet, je ne peux que vous recommander Romanzo criminale , excellent film italien à la fois romanesque, réaliste et désilusionné sur le milieu de la pègre, qui raconte l'histoire d'une bande de jeunes mafieux partis de rien qui tutoieront les sommets au seuil des années 80.
Trailer
Ma note: 8/10