Littéralement, sans emphase, sans exagération, je n'ai jamais pu regarder ce spectacle d'une seule traite, alors que je le connais par cœur tellement je le repasse. Tout simplement parce que rire à gorge déployée (je parle bien d'éclats de rires, pas de sourire amusés) pendant une heure est trop fatigant, voire douloureux.
Bill Burr fait essentiellement de l'humour d'observation. Dès son entrée, on dirait qu'il est chez lui, dans son salon. Il émane de sa personne un charisme si arrogant, que c'est un de ces rares humoristes qui n'ont pas besoin de "chauffer" une salle en criant des "Auxerre ça vaaaa?" ou en se foutant de la gueule du gros du premier rang. Il va directement à son sujet. Puis en passe à un autre. Puis un autre. Aucune thématique et c'est tant mieux. Il va là où il a envie d'aller, passant d'une "Soirée piscine sur le thème de l'holocauste" à la religion, aux armes à feu, aux relations conjugales à une anecdote sur le suicide.
Bill Burr est tellement bon, tellement à l'aise, qu'il n'a pas besoin de transitions. Il a juste à raconter une histoire pour faire plier de rire. L'excellence est tant sur le fond que sur la forme. Bill Burr est en effet un observateur d'une finesse pleine de bon sens, d'une logique froide et brute. A cela s'allie un talent de comédien incroyable; que ce soit dans les intonations, dans certaines mimiques, dans la gestuelle, Bill Burr trouve toujours le ton juste et l'équilibre qu'il faut pour rendre hilarantes ses phrases les plus banales.
Si vous aimez Louis CK, George Carlin, Patrice O'Neil ou Dieudonné jusqu'en 2009-2010, si vous appréciez un humour grinçant, parfois cruel, foncez, faites-vous du bien. Ce spectacle augmentera votre espérance de vie.