Ca vit d'air pur et d'eau fraiche, un oiseau !
Fruit du travail de propagande de quelques cinéphiles instables, Birdemic fait son nid dans le paysage bariolé du nanar. Je souhaite exprimer ma reconnaissance à Panic ! cinéma pour m'avoir offert l'opportunité de découvrir cette perle rare. C'est donc un comité trié sur le volet et solidement armé de cintres qui assista au spectacle au Nouveau Latina à une heure où les gens sains se culbutent sur les pistes de danse des grandes discothèques aux bestiaux.
Empreint d'un amour pour le travail (mal) fait et d'une incompétence communicative, Birdemic est une expérience à part, un décollage vers l'apogée du mal filmé.
Hommage ou plagiat de Les Oiseaux, Birdemic se permet de plumer le bedonnant Alfred et son tour de passe-passe favori : la cassure dans l'intrigue. Elle est ici assurée par le débarquement des "eagle invaders", formation serrée et surplacique d'aigles belliqueux qui donnent la chair de poule. Cette entrée aviaire marquera l'histoire de nos zygomatiques. Loin, très loin derrière les plus abjectes incrustations vues en seconde partie de soirée sur Direct8, l'aigle-colibri de Californie provoque des saignements oculaires abondants, et sans ses serres s'il-vous-plaît.
Mais Birdemic ne se résume pas seulement à cet seul argument marketing "Les effets spéciaux les plus laids que vous ayez vu au cinéma depuis son invention par les frères Lumière". Avec une insolente faillite, Birdemic est plein comme un œuf de pur amateurisme. Je me tourne alors vers la première partie du film, dénuée de volatiles psychopathes et crie mon amour pour cette comédie romantique légère comme une plume de plomb et menée tambour en berne par notre héros Alan Bagh et son flirt Whitney Moore, de chez Victoria secrets. Jamais plus mauvais acteur n'a foulé de son pied mal assuré la terre du cinéma. Ce énergumène à la cervelle de moineau n'est pas crédible rien que dans sa façon de marcher, je vous laisse imaginer quand il ouvre la bouche pour tenter de séduire sa potiche qui fait le pied de grue...
Les dialogues justement, la prise de son de ces derniers est digne d'un projet cinéma de collège : pas de raccords, du souffle partout, les pièces qui résonnent... On a la ferme impression que les protagonistes parlent dans des pièces vides différentes... l'illusion du cinéma !
La réalisation, elle, ne casse pas trois pattes à un canard, c'est évident. Pourtant Nguyen propose une photographie parfois pertinente, des travellings maîtrisés, mais tout cela au service d'un remplissage criant. Vous vous rappelez avec émotion l'arrivée de Michael Corléone en Floride dans le second opus du Parrain ? La caméra qui suit de superbes Buick à travers les rues de Miami. A travers la lentille Nguyen cela donne ça : une berline quelconque roule au pas à travers les bouchons pendant un bon quart d'heure. Enfin répéter cela plusieurs fois, Alan va au travail, Alan rentre du travail, Alan sort ce soir... je baille aux corneilles...
Il est temps de souligner la démarche pédagogique de James Nguyen, véritable alias d'Al Gore au pays du nanar. Nguyen a bien compris que petit à petit l'oiseau fait son nid alors il multiplie les exposés didactiques à travers son chaos filmé. Pour commencer, bavard comme une pie, Alan expose la viabilité économique des énergies vertes au près d'investisseurs qui ont l'impression d'être les dindons de la farce. Suite à l'attaque des oiseaux meurtriers, la rencontre avec un ermite complètement déchiré changera votre perception de mère Nature (ainsi que votre vision d'un feu de forêt). Celui mettra en garde les hommes de ne pas tuer la poule aux œufs d'or, notre seule et unique planète. Enfin, une sorte d'anti-Claude Allègre viendra balancer ses théories fumeuses en guise de conclusion : "le réchauffement climatique, ça rend les oiseaux hystériques". Moi, ça me cloue le bec.
Au delà de son message écologique fort. On retiendra que l'aigle royal est l'espèce prédominante de la côte Ouest américaine, qu'il est capable de vol stationnaire et que ses fientes sont de redoutables armes chimiques. Alors la prochaine fois que vous sortez, n'oubliez pas votre cintre !