"No, you are a celebrity."
Riggan Thomson était mondialement connu à l'époque où il incarnait un super héros: Birdman mais aujourd'hui, il ne reste plus grand chose de cette célébrité. C'est pourquoi il décide de monter une pièce de théâtre à Broadway dans l’espoir de renouer avec sa gloire perdue. Il va alors devoir tout affronter : sa famille, ses proches, son passé, ses rêves et son ego…
Grand favoris pour les Oscars (9 nominations) et déjà vainqueur de 2 Golden Globes, "Birdman" est sans doute le film que j'attendais le plus en ce début d'année 2015 et il a le privilège de ne pas me décevoir.
La première qualité qui saute aux yeux est sans doute la réalisation qui nous emporte dans un gigantesque "faux" plan séquence de près de 2 heures de manière à capter l'attention du spectateur. Ce coup de maître impose bien évidemment le respect, surtout qu'à défaut de recourir à un montage classique pour moduler le rythme du film, Iñárritu a fait appel à Antonio Sanchez qui donne la cadence des états émotionnels de Riggan dans un tourbillon de tambours.
Iñárritu a voulu faire un film sur les acteurs, il est donc question de célébrité et de ses difficultés, ses illusions, ses déceptions et son côté éphémère. Ces thématiques captivantes sont parfaitement retranscrites par le casting avec Michael Keaton en tête: l'acteur est l'homme idéal pour jouer cet homme has been en quête de renommée et il entretient en plus tellement de similitudes avec son personnage que l’impact du récit s’en trouve renforcé. A ses côtés, Edward Norton livre une solide prestation d'un jeune acteur très doué mais égocentrique et incontrôlable qui a du mal à gérer la réalité. On retrouve aussi Emma Stone, fille de Riggan, sortant à peine de désintoxication et apporte un point de vue intéressant en révélant à son père avec une franchise cruelle que les mécanismes de la célébrité ont complètement changé avec les nouveaux réseaux sociaux. Elle est extraordinaire et magnétique, et la mise en scène en plans-séquence lui permet d’exprimer en très peu de temps une stupéfiante variété d’émotions. Même les seconds rôles font preuve de talent puisque Naomi Watts, Andrea Riseborough, Zach Galifianakis et Amy Ryan sont absolument remarquables et disposent eux aussi de scènes plutôt intenses.
Derrière le côté sombre du film avec la critique d'Hollywood, des super héros, de Broadway, des réseaux sociaux, des journalistes et des blogueurs, se cache une réelle comédie avec des scènes drôles et complètement absurdes non dénuées de dialogues savoureux.
Porté par des acteurs éblouissants, une mise en scène impressionnante et un scénario intelligent, Alejandro González Iñárritu nous livre un film riche et original qui fascine autant qu'il ne déroute. Prêt à devenir culte, on lui souhaite bonne chance pour les Oscars.