Avec Birdman, Inárritu explore avec un ton corrosif le désamour entre l'Hollywood tapageur et le Brodway dédaigneux. A travers le personnage de Riggan, forçant son impossible transfuge entre les deux univers - de vieille gloire de films de super-héros à producteur / metteur en scène / acteur sur les planches - l'histoire se déploie en longs plans séquences tape-à-l’œil et gourmands.
En usant de cet artifice cinématographique collant parfaitement à l'univers théâtral, Inárritu densifie sa narration, dresse en quelques situations et répliques des personnages parfaitement campés (ils peuvent agacer mais personnellement, le trio Micheal Keaton ravagé, Edward Norton imbuvable & Emma Stone aux yeux globuleux les plus charmants du cinéma actuel, je suis forcément preneur) jouant une intrigue qui, si elle ne propose pas grand chose de nouveau dans cette opposition des mondes, le fait avec métier et parfois talent.
Une intrigue dense à son revers. A mi-parcours, Birdman perd de sa superbe, radote, frôle l'écœurement. Et ce n'est pas le final, qui s'attarde sur un pan de la personnalité du héros qui méritait de rester suggéré, qui rattrape l'ensemble.
Au final, j'ai passé une première (grosse) demi-heure scotché devant ce Birdman, enthousiaste tant sur la forme que sur le fond, je manquais à ce moment de superlatifs pour qualifier ce que je voyais. Passé le point de saturation, le reste s'est décanté sans moi, passif et patient, j'ai accueilli le générique de fin avec un léger soulagement.