Réalisateur peu enclin à se réinventer (ses quatre précédentes chroniques de la misère du monde, bien que de qualité variable, étaient assez proches les unes des autres en terme de style et de sujet), Iñárritu a décidé pour le coup d’aborder un genre totalement opposé.
Anciennement starisé grâce à une trilogie de films de supers héros, un comédien en mal de popularité et de légitimité artistique, tente le tout pour le tout en investissant ses derniers deniers dans une production théâtrale qu’il a adaptée et mise en scène en plus d’en être l’interprète principal. Et alors qu'il est à cinq jours de la première, il voit son monde s'écrouler peu à peu (au sens figuré dans la vie réelle, mais au sens propre dans sa tête).
Ne nous étendons pas sur le fait que le rôle principal soit campé par celui qui incarna Batman pour toute une génération. Ce thème est suffisamment développé dans le film pour se passer de commentaires
Le film se révèle surtout être une excellente comédie. Et si la lourdeur stylistique d’ Iñárritu est ici plus que jamais visible (le film est composé d’un unique (faux) plan séquence comme seul Emmanuel Lubezki en a le secret), c’est au bénéfice du rythme et de la fluidité. Car Birdman est un film qui embarque, et assène information sur informations sans vraiment laisser au spectateur le temps de respirer.
On pourrait reprocher à Iñárritu d'être un peu trop éloigné de certains de ses sujets (le rapport entre la célébrité et les réseaux sociaux, la geek-culture, ou encore le milieu des critiques, ici totalemen diabolisé) et d’en livrer une vision trop simpliste, voire un peu réactionnaire.