Birdman ou l’inattendue vertu de l’ignorance, le titre n’est que promesse d’une œuvre profonde et magistrale.


La mise en scène de Birdman est un véritable travail d’orfèvre. Le résultat est d’une fluidité surprenante. Ces plans séquences à la steadicam sont preuves d’une grande maîtrise technique et d’une planification de haute volée. On est littéralement immergé dans le monde du théâtre. Le tout est accompagné par une batterie jazzy qui épice bien le rythme et l’ambiance du film.


Les acteurs ne sont pas en reste : Michaël Keaton joue Riggan Thomson, acteur "has-been" ayant incarné Birdman, ancien super héros d’une série de productions à gros budget. Le choix de Keaton est d’autant plus bien pensé qu’on peut ne peut qu’établir un parallèle entre la carrière de Michaël Keaton et l’immense succès qu’il a rencontré avec Batman à la fin des années 80.


Thomson ne vit que pour la reconnaissance de ses talents. Après s’être brûlé les ailes au soleil de son succès, il veut maintenant être considéré comme un artiste et non plus comme une célébrité. Il porte la triple casquette de « producteur - metteur en scène - acteur » d’une pièce de théâtre et sa peur de l’échec le met sous haute pression. Il oscille entre bipolarité et schizophrénie. La voix de son alter-ego Birdman ne cesse de le pousser à oublier l’âpreté de la quête de reconnaissance artistique pour une jouissance facile des plaisirs de la célébrité.


Edward Norton est intense et excellent, il campe un acteur talentueux à la « sauce Stanislavski », Emma Stone est touchante en tant que fille perturbée, adepte des émotions et sensations virtuelles. Naomi Watt, Andrea Riseborough, Zach Galifianakis etc. ils sont tous très bons et pas mal de situations sont plutôt comiques.


Je reconnais donc la virtuosité technique, la performance et la sincérité de l’ensemble des acteurs. Mais… je n’accroche pas entièrement à ce film et cela pour les questions de fond qu’il pose telles que : la difficulté du processus créatif, le thème de l’art « élitiste-Broadway » opposé à l’art « populaire-Hollywood » ou encore la reconnaissance artistique.


Bien qu’intéressantes, ces thématiques ne me touchent pas profondément et c’est pourtant là que le film s’enlise lentement et longuement. C’est dommage mais je n’arrive pas à ressentir de forte empathie, pour des gens qui ne vivent qu’à travers la reconnaissance d’autres et qui ont du mépris pour le cinéma populaire.


Sous le couvert d’une belle performance technique, scénaristique et scénique, Alejandro González Inárritu me semble commettre un pêché d’orgueil en clamant l’intégrité de son talent d’artiste. Après tout, c’est chose gagnée puisque au moment où j’écris ces mots, il a gagné l’oscar du meilleur film, du meilleur réalisateur et du meilleur scénario.
Incontestablement, c’est du bon boulot mais personnellement je dois être bien trop ignorant pour pleinement apprécier tes vertus Birdman.

Rick_Hunter
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le 23 févr. 2015

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Rick_Hunter

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