C'est quoi le problème du plan fixe ? Ou du champ-contrechamp ? Ou juste du montage ? Trop facile ? Ça en met pas suffisamment plein la vue ? Iñarritu se fait un poing d'honneur de donner une vigueur toute particulière à sa mise en scène en faisant de son film un plan séquence géant. Quitte à ce que ça ne serve strictement à rien parfois, quitte même à ce que ce soit parfois laid, ou complètement artificiel. Même dans les moments qui appellent clairement une coupe, on montre le ciel, et on le change de couleur pour montrer le temps qui passe... Un coup d'attente, un coup défensif, pour camper sur ses positions, et surtout ne pas perdre ce pari moins cinématographique que démonstratif et orgueilleux. Quitte enfin à galvauder complètement cette technique d'esthète, et à desservir le film, en le rendant plus lourd et fatigant (mais pas totalement moche non plus, faut pas exagérer)
Ce serait dommage de réduire le film à son simple aspect technique (même si quelque part, on y est un peu forcé), parce qu'il frappe par son côté « bon enfant », quoique bien névrosé. C'est plutôt plaisant à suivre, et le personnage de Michael Keaton (excellent) y est pour beaucoup, en ce qu'il en incarne tout le côté sympathique, avec sa personnalité d'has been un poil loser et défaitiste. Contrairement aux autres personnages, malheureusement bien convenus et diaboliquement lisibles, entre un Norton en acteur mégalo et un peu dingue, une Emma Stone en ado rebelle et droguée qui sort de désyntox, ou une critique sans âme et grinçante (avec en prime un propos sur la critique en général, amené avec la subtilité et la délicatesse d'un éléphant d'Afrique dans un magasin de porcelaine)... D'ailleurs le film souffre dans sa globalité d'un problème d'écriture, qui manque d'originalité.
Le tout pour se finir en un enchaînement de twists qui bouclent la boucle d'un film maladroit, malgré la maîtrise de sa mise en scène qui doit bien relever de la prouesse (il faut quand même le dire).