Sublime, mais comment pouvait-il en être autrement ? Un titre aussi alléchant par sa simplicité, et le trio Bergman/Ullmann/Josephson ne pouvaient laisser de place au doute. C'était tellement beau que parfois j'avais envie que ça s'arrête net, de peur que la minute suivante, les épisodes suivants (je parle de la version longue) baissent en intensité, que ça bascule dans une certaine facilité. Parce que dans ce genre de film, tout en justesse de mise en scène et d'interprétation, en puissance psychologique retenue et subversive, on a l'impression de marcher sur des œufs, que l'équilibre trouvé est à la limite du précaire tant la précision dans les écritures et les émotions tient de l'orfèvrerie. Fort heureusement et assez miraculeusement, malgré quelques longueurs, cet équilibre, cette précision sont maintenus tout au long du film, et survivent à toutes les évolutions, scénaristiques et des personnages. Personnages qui témoignent ici de la vision superbement ambiguë du couple de Bergman, ambiguïté qui ne se retrouve pas dans sa vision du mariage, tant il est montré dans le film comme le carrefour des non-dits, la mère génitrice de l'intériorisation des sentiments et des rancœurs, dont les conventions emprisonnent leurs membres dans des postures. Pas forcément la vision la plus originale, mais magnifiquement transmise, en ce qu'elle sert de base à ce duo de personnages qui semblent fusionner, malgré les vicissitudes plus ou moins importantes de leur relation si particulière, unique, mais surtout attachante.
Si on ajoute l'évidente virtuosité des dialogues, ce Scènes de la vie conjugale est une œuvre richissime et passionnante, bref, un grand film.