Birdy est un drame qui, sur le papier, nous faisait follement envie : un jeune homme (dit "Birdy") est dingue des oiseaux, rêve de voler comme eux et essaie d'y arriver par tous les moyens, allant jusqu'à sauter des toits et se faire vraiment mal. Au retour de la Guerre du Vietnam, ni lui ni son ami Al (Nicolas Cage, assez jeune) ne sont épargnés, le premier est amorphe et le second est une gueule cassée. On suit donc la rémission difficile d'Al, celui qui est détruit à l'extérieur (encore quelques bandages, et il nous faisait visuellement un remake de l'Homme Invisible) et de Birdy, celui qui l'est à l'intérieur (l'homme-oiseau). Avec Alan Parker à la réalisation (Mississipi Burning, Angel Heart), on s'attendait donc à un beau film, mais on a malheureusement été plus que gêné par la mise en scène ultra-mélo, qui nous a empêché d'être ému et nous a en revanche inspiré de longs moments d'ennui. La musique dégaine donc les violons assez fréquemment, quand ce n'est pas un usage étrange de la chanson Para Bailar La Bamba, puis l'on a sans arrêt des gros plans sur Nicolas Cage qui serre son ami en larmoyant et suppliant comme une Madone, plusieurs fois la même idée de filmer en plan subjectif à l'oiseau des séquences de vols (où l'on comprend sans besoin de sous-titres qu'il s'agit d'un fantasme de Birdy), un délire de l'oiseau qui prend une telle propension qu'on finit par ne plus le comprendre (on passe de "c'est poétique et ancestral, comme désir" à "mais bien sûr... faut se faire soigner"). Birdy est un film qu'on a honte à ne pas avoir aimé, tant le sujet et l'auteur nous sont sympathiques, mais cette mise en scène bourrée d'emphase, boursouflée par son mélo, nous a fait passer un bien piètre moment.