En attendant de voir le récent 'The zone of interest' de Jonathan Glazer je me suis donnée pour mission d'explorer sa filmographie. Après le glaçant 'Under the skin' je m'attèle donc à 'Birth' dont les prémices ont attisés ma curiosité. La réincarnation de son mari décédé revient hanter Anna alors qu'elle s'apprête à se remarier après des années de deuil. Le fantôme? Un enfant qui ne semble pas non plus avoir choisi son destin alors qu'il se reveille un jour avec les souvenirs de Sean dont il porte le nom. J'ai beaucoup aimé la scène d'ouverture dans ce sens. Le mari décédé reste un nom, une voix, une silhouette qui cours et s'effondre et jamais ne lui est donné un visage autrement que celui du petit garçon devenu froid d'une "maturité" qui ne colle pas avec son apparence. D'autre part, le détail musical qui introduit le métrage et revient à plusieurs occasions dans le récit offre une notion de rythme qui m'a plu lors du visionnage.
Les regards transparents d'émotions, de confusion et de douleur de Nicole Kidman et de Danny Huston m'ont particulièrement touchée. Ces regards on réussi à transmettre une nuance que j'ai eu des difficultés à trouver dans le scénario. En effet, la question de l'amour de Sean et Anna n'est que peu remise en question car elle n'existe que sous la forme d'une intuition. Pourquoi avoir choisi la figure de l'enfant? On pourrait penser que le petit Sean représente l'innocence que le "twist" va entacher pour révéler la nature malhonnête du souvenir aimé d'Anna. On pourrait s'attendre que le débat s'élargisse au delà de la question: mon mari est un enfant, je m'enfuie avec lui ou non?
Les personnages ne semblent jamais se demander "pourquoi moi?" ou "Pourquoi lui?" pour répondre à la question de "Pourquoi elle?". Toute l'intrigue du récit se construit autour des souvenirs sans jamais résoudre l'intrigue amoureuse aux yeux de la protagoniste. Le spectateur découvre la tromperie qui empêche Sean de se dire être véritablement le mari décédé, car l'amour innocent perdure, se réincarne mais échoue face à la réalité. Seulement Anna ne pourra jamais l'excuser ni le condamner car elle n'en saura saura pas un mot, et continuera par être hantée d'un fantôme qui prend pour forme l'immensité de l'océan. L'issue est tragique et élégante quelque chose d'un manque de nuance vient assombrir le décor. J'aurai presque voulu que le secret éclate pour le mystère révèle plus que des regards emprunts d'une douleur muette.