Anna perd son mari, Anna 10 ans plus tard a retrouvé l'amour, elle est certaine d'elle même et de ce qu'elle veut. Et puis un garçon d'une dizaine entre en pleine réception dans l'appartement chic d'Anna en plein Upper East Side, et lui déclare être son mari. Anna rit, puis s'insurge et finalement perd pied devant les affirmations et réponses que lui donne l'enfant à toutes ses questions, sur leur vie, sur leur passé, etc... Canular ou réincarnation ?
Ce qui est très déroutant dans ce film, c'est que soi-même au fur et à mesure de l'intrigue on se retrouve à vouloir y croire aussi. La lente évolution du personnage est saisissante: du déni le plus total, ne serait-ce que d'en parler, jusqu'à l'espérance désespérée d'avoir retrouvé l'être qu'elle a le plus aimé. Nicole Kidman est bouleversante dans les dernières scènes, où tout le chagrin, toute la rage liée à un deuil qu'elle s'est toujours refusé d'éprouver, ressort d'un seul coup et prend le pas sur la réalité.
S'il y a un peu de Bunuel dans le scénario, ce n'est pas pour rien, c'est Jean-Claude Carrière qui y a contribué. La musique, lancinante, froide et venant un peu en contre-point des images a un fort impact sur notre perception des réactions des différents protagonistes.
Le casting est d'ailleurs plus qu'excellent : de Nicole Kidman très "60's Mia Farrow" dans ses tailleurs et cheveux courts, à Lauren Bacall en matriarche froide et pragmatique, et la trop rare Ann Heche dans un rôle peu sympathique mais très juste.
L'absence d'effets grandiloquents sert à merveille la mise en scène au style sobre et régulier sans artifice autre que le talent des acteurs. Il serait, dans un registre un peu moins Sci-fi, à rapprocher de "Gattacca" : dans le fait d'aborder avec recul et sobriété un sujet fantastique.
Toute considération à part, un très beau film.