Le film s’ouvre sur un avertissement: l’histoire qu’on va suivre est plus vraie que vraie. Il est peut-être nécessaire de le rappeler, car l’histoire d’un policer noir infiltrant le Ku Klux Klan dans les années 70 a de quoi surprendre. Surprenant également, le mélange des genres du film, oscillant entre policier et humour (pour ces deux plus grand traits) mais aussi assaisonnée de cinéma Blaxploitation ou de drame (car la thématique reste centrée autour du racisme et de l’acceptation de la population noire dans la société américaine). Les références au cinéma de la Blaxpoitation seront plus ou moins subtiles au cours du récits venant parfois gâcher le déroulement de l’histoire, mais dans l’ensemble cela permet aux spectateurs néophytes en la matière (comme moi) de bien comprendre les références et d’avoir envie de découvrir les différents titres évoqués dans le film. Difficile de ne pas faire de parallèles avec de précédents films de la maison de production Blumhouse, et plus spécialement de Get Out, dont le traitement du racisme dans un récit horrifique/thriller a su charmer de nombreux cinéphiles l’année dernière (mai 2017). Quoiqu’il en soit ici, le mélange des genres donne une impression étrange, mais réellement satisfaisante tout au long du récit!
La grande force du film réside dans son sujet et son traitement, l’aspect comédie étant suffisamment fin pour rire du racisme de la bonne manière: en rappelant que le sujet est grave, et sans dévaloriser complètement les parties prenantes. Les racistes sont avant tout ici des humains aux convictions mal-placées, trop désireux de mener un combat qui donnera du sens à leur vie. Ce sera donc au spectateur de les juger efficacement de la bêtise de leur racisme, ayant en main toute l’histoire et les origines du mouvement KKK, sans que le film viennent constamment te rappeler que ses hommes sont extrémistes. Les policiers mènent d’ailleurs une simple opération d’observation sur le KKK, qui va profondément les questionner.
Ainsi John David Washington (Ron, le policier noir) et Adman Driver (son collègue, Flip, policier blanc) vont jouer à eux deux le rôle de Ron Stallworth auprès du KKK, l’un au téléphone, l’autre dans la vraie vie. Cette opération d’infiltration va être l’occasion de développer assez en profondeur leurs origines respectives et la place de celles-ci dans la société. C’est dans ces moments que les acteurs expriment le plus leurs talents respectifs, en étant vraiment touchants.
Enfin, le point final du film viendra rappeler les enjeux dans la réalité du film, véritable coup de poing touchant aux larmes. BlacKkKlansman est un film fort par tous ces aspects: explicatif et stimulant pendant le déroulement de l’histoire incroyable d’un flic noir ayant infiltré l’un des pire mouvement raciste des US, il n’oublie pas le terrible rappel à notre réalité bien actuelle. Un grand film par son histoire, son mélange des genres et son sous-propos.