Is that you Billy ? Bon, tu sors maintenant ?
Comme tous les films de genre et les films accusant déjà un certain âge, il faut les placer dans leur contexte. Si Usual Suspects avait en son temps posé les bases d'un scénario complexe, dans le plus pur style de roman cathédrale, la fin en a surpris plus d'un. Et quand j'entends de nombreuses personnes me dire que "Tous les films finissent comme ça", ça m'écorche les oreilles. Je ne ferais donc pas la même erreur en parlant de "Black Christmas".
N'ayant pas forcément une grande connaissance des films de genre de cette époque, je parlerai donc uniquement de mon ressenti.
Tout d'abord j'ai aimé l'ambiance, campée avec soin grâce à des décors réussis et une bande son discrète. La maison accuse un âge vénérable, permet de jouer sur plusieurs étages et se prête donc plutôt bien au jeux de lumières tamisées et au jeux avec les ombres.
Ensuite il y a le scénario. Plutôt intéressant dans son déroulé, il fait le job et joue correctement avec les personnages.
Mais je trouve quand même que l'on tombe assez vite dans de gros clichés bien baveux.
Le personnage psychotique et / ou schizophrène aurait pu être mieux amené ou porté par une légende urbaine, ce qui aurait été plus crédible. En tout cas il devrait être plus approfondi, car là il est tout simplement bâclé et peu crédible.
Le jeu entre l'étudiante forte de sa féminité et le petit ami qui fond un fusible est un peu trop grossier et surtout trop visible. Par contre le sujet de l'avortement, encore franchement délicat dans le milieu Américain puritain des années 70, donne peut être un regard contemporain et engagé.
L'arrêt Roe contre Wade de la Cour suprême, en 1973, considère que le droit à l'avortement concerne le droit à la vie privée et qu'il est donc protégé par le quatorzième amendement.
Bon, éventuellement. Mais se prononcer pour le droit des femmes ne fait pas non plus le film en soit, surtout avec une héroïne aussi lisse.
Seule la fin est intéressante, car cohérente avec l'histoire. Mais elle reste quand même assez convenue.
Concernant les personnages en général, on n'a que peu de relief, car ils sont presque tous insipides, exception faite de la concierge, de Barbara et du flic demeuré. Mais on reste cependant sur des images très bas de gamme de la société Américaine de l'époque.
Concernant les dialogues, ils permettent de faire avancer l'intrigue, mais ne donnent pas non plus énormément de relief. On stagne au niveau de la mer.
Mais au moins on évite le traditionnel "dialogue scato pour tout le monde" propre à de nombreuses productions US des années 80, c'est déjà pas mal. Seul le shizo reste dans ce discours obscène.
Pour l'ambiance, même si j'ai apprécié le style posé et sombre, on n'a jamais une ambiance angoissante non plus. Je n'ai ressenti à aucun moment une tension nerveuse, même si quelques effets techniques comme les vue subjectives où les regards déportés peuvent apporter un petit quelque chose. C'est malheureusement trop souvent apporté avec maladresse, rendant la scène ridicule ou au mieux incongrue. Les personnages trop lisses aggravent encore cette fuite de tension avec un jeu trop limité.
Donc, avec tout ça, je résumerai en disant que pour le frisson, j'en suis resté pour mes frais. On a un ensemble sympathique, sans doute innovant pour l'époque et pourvu de moyens sans doute assez limités. Le film a aussi le mérite de donner une ambiance sympa et recherchée. Mais je n'ai jamais été happé par les dialogues, qui restent franchement mous et convenus, ni par un scénario qui en plus de quelques maladresses, aurait gagné à être plus subtil.