Coming out of Africa
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le 28 févr. 2018
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Il était une fois Black Panther, le film commence bien comme un conte de fée mais se révèle beaucoup plus complexe dans son fond. Je suis en ce moment même (confortablement installé sur mon lit à minuit) tout excité et chamboulé par ce nouveau film signé Marvel Studio. Une fois encore, le studio fait taire ses opposants, proposant originalité et diversité dans son contenu. Black Panther était surtout attendu pour sa symbolique: Après le premier film doté d'une super-héroine féminin (Wonder Woman), ce long-métrage met en valeur tout un peuple africain et porte à l'écran le premier super-héros noir crée en 1966 par Jack Kirby et notre bon vieux Stan Lee. Pari risqué certes mais plus que réussi !
Tout d'abord, parlons de la magnifique région qu'est le Wakanda, dépeinte avec un niveau de détails incroyable. L'abondance de couleurs, rappelant les traditions africaines, sont ici mêlées à une architecture moderne crée à base de vibranium, matériau prenant de l'importance au sein du MCU. Ryan Coogler, le réalisateur, prend le temps de montrer les différentes rues marchandes de la cité, dévoile les quartiers royaux ou la salle des gadgets. Il donne vie à cette cité éblouissante et crée une dynamique qui manquait à Asgard. Ce mélange entre passé et futur fonctionne à merveille et illustre d'autant plus le dilemme du film. La photographie est très belle et sublime le moindre lieu grâce à sa lumière, à sa singularité ou à son emplacement. Des plans iconiques sortent du lot et restent dans nos esprits à la fin de la séance (Killmonger au milieu des flammes, Salle du trône de la cinquième tribu). Mais le dépaysement vient aussi de la bande son qui accompagne les images. La musique mêle des sons tribaux et du rap américain, notamment lorsque l'on s'évade du Wakanda. Ces rythmes africains collent parfaitement à l'ambiance du film et accentue étonnamment la tension lors des scènes d'actions. Le spectateur se retrouve en immersion total et oublie complètement qu'il se trouve dans une salle de cinéma. La durée du film s'écoule donc rapidement, dû principalement à un montage organisé et dynamique.
Ryan Coogler possède une vraie mise en scène qui colle avec l'ambiance du film. Il arrive à faire paraître un charme indéniable et une beauté exotique surprenante à cette culture représentée. Adepte des plans séquences, il accompagne ses personnages dans leur grandeur mais aussi dans leurs moments de faiblesses. Certaines des scènes d'actions du film manquent d'être lisible mais de manière générale, elles dégagent une énergie folle. La séquence du casino fait flotter le spectateur aux divers endroits où se trouve l'action sans que l'on puisse souffler ou encore les duels traditionnels qui jouent énormément avec l'eau et la lumière crépusculaire du soleil.
Abordons ensemble le scénario et l'écriture des personnages. TChalla est bien écrit et bien interprété par Chadwick Boseman, sobre mais noble. Sa remise en cause et ses doutes le rendent plus humain et donc plus proche du spectateur. Il est accompagné d'incroyables femmes, toutes plus puissantes que les hommes. D'ailleurs, dans le film, ce sont les femmes qui sauvent les personnages masculins, fortes et indépendantes. Elles aident le héros à avancer et à devenir un bon roi. Black Panther ne serait rien sans sa soeur Shuri, sa compagne ou encore la générale guerrière. Un des meilleurs points du long-métrage se trouve être son méchant. Marvel a enfin compris que les spectateurs ont besoin d'autres choses qu'un super vilain désirant détruire le monde. Michael B Jordan incarne un Killmonger ambigu et sauvage, ayant un véritable background et un objectif plus que valable. A certains moments, on s'étonne même d'être de son côté, quitte à se retrouver en désaccord avec Tchalla. La preuve, la résolution finale du long-métrage est nuancée et montre que le méchant avait en partie raison. Quant aux personnages secondaires comme Everett Ross et Ulysse Klau, ils ont une véritable fonction et s'éclatent dans leurs rôles.
Malheureusement, le déroulé de l'histoire est prévisible et ne laisse aucun doute quant à la résolution de son intrigue. Le spectateur suit Black Panther à travers ses mésaventures et se laisse porter par la beauté du Wakanda et les belles scènes d'actions (qui ne valent pas celles des Frères Russo) mais se rend compte à la fin de la séance qu'il n'y a pas eu de surprises, de rebondissement qui auraient pu décupler la puissance du film. Ne nous arrêtons pas sur ce petit bémol et soyons heureux du changement de ton de Black Panther par rapport aux autres productions Marvel. L'ambiance est ici bien plus sombre qu'un Thor Ragnarok ou qu'un spider man, ce qui fait ressortir de vrais enjeux (enfin !) . Ils ne sont pas désamorcés par l'humour et transmettent une vraie tension dramatique. Les quelques blagues du film font sourire et servent à approfondir les relations entre les personnages. Elles marchent et sont efficaces, que demander de plus ? Ryan Coogler prend le temps de traiter des thématiques importantes de notre société, que l'on ne voit pas assez dans ce genre de film. Il aborde succinctement mais de manière efficace la remise en cause du pouvoir et des traditions, l'héritage d'une culture et réussit même à créer un parallèle passionnant entre l'intrigue et l'histoire des noirs en Amérique. On reconnaitra la rivalité entre Malcolm X et Martin Luther Kings dans les personnages de Tchalla et Killmonger, le pacifiste contre l'activiste. De même que l'idée d'un isolationnisme pour son pays qui rappelle énormément la situation actuelle des Etats-Unis sous Trump.
Ainsi, Marvel prouve une fois de plus qu'ils peuvent faire des films diversifiés et divertissant tout en traitant de thèmes importants de notre société. On retiendra certaines phrases qui lanceront de grands débats comme lorsque le responsable des frontières parle des migrants ou encore lorsque Killmonger parle d'être enchaîné. Le MCU arrive à faire du neuf (malgré le caméo de Stan Lee, décevant) et à réinventer les films de super-héros. C'est en effet avec l'évolution de notre société que ces histoires évoluent et qui de mieux que Black Panther pour nous le prouver !
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Créée
le 20 févr. 2018
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