Coming out of Africa
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le 28 févr. 2018
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On ne peut pas dire que le Marvel Cinematic Universe et moi soyons très copain. Leur projet d'univers partagé ne m'intéresse pas, et leurs héros qui pour la grande majorité me sont inconnus. Soyons clair, Black Panther à la base, je m'en fichais royalement ! Cependant, il se trouve que le studio a fait appel à Ryan Coogler, l'un des jeunes réalisateurs les plus talentueux à l'heure actuelle. Le cinéaste a réuni autour de ce nouveau film un casting plus qu'alléchant. Malgré ces arguments qui m'ont poussé en salle, je partais avec un état d'esprit défaitiste et pas mal d'appréhension quant à ce que j'allais voir. Donc qu'en est t-il réellement du dernier-né de la célèbre franchise ?
Commençons par l'aspect général du film : son univers. Je suis globalement partagé par la direction artistique. Les maquillages, les costumes ainsi que les couleurs apportés au film lors de la scène à Busan ou durant les passages oniriques sont plus que convaincantes, bien que je sois plus mitigé quant à l'architecture du Wakanda. Dès que l'on entre pour la première fois dans le pays, on est face à une multitude de bâtiment grisâtre pas très esthétique. De plus, on passe la majorité du temps dans des intérieurs et les mêmes qui plus est (le labo, le palais, le train), alors si les décors et accessoires sont plutôt « beaux », on ne nous montre pas assez l'étendue du royaume ni son peuple. En somme ça manque de vie et de grandeur !
Concernant la musique, les partitions africaines traditionnelles aident à rentrer dans l’ambiance du Wakanda.
Le schéma narratif de Black Panther est très classique sur la forme et pas mal de personnages secondaires sont anecdotiques. Cependant, le principal atout du scénario réside sur le fond, dans l'écriture de certains de ses personnages (masculins comme féminins) et des thèmes qui en ressortent.
Les critiques que j'ai pu voir et lire reprochaient le côté lisse et déjà vu de T'Challa. Ce n’est pas totalement faux, son côté trop noble et valeureux en fait un héros Marvel parmi tant d'autres. Même s’il fait globalement le job, la performance de Chadwick Boseman n’aide pas à y voir autre chose. Mais pour voir l'intérêt de ce protagoniste, il faut le recentrer dans l'œuvre global de Coogler. Ce qui est développé, ce sont les interrogations qu'il se pose sur l'héritage laissé par son défunt père, sur ce qu'il doit et veut en faire. Il y a aussi tout ce questionnement sur sa légitimité en tant que nouveau roi et le désir de ne pas répéter les erreurs passées. L'héritage, l’identité et la famille, trois thématiques chères à Ryan Coogler qu'il avait déjà incluses dans Fruitvale Station et Creed. Tout ceci donne en partie à ce Black Panther une vision d'auteur.
Killmonger lui est captivant, avec un background tragique et des motivations qui n'en font pas un bad guy lambda, chez lui aussi nous retrouvons les thématiques du cinéaste. Son opposition à T'Challa est plus idéologique et politique que physique. Le nouveau roi raisonne en termes de tribu, alors que Killmonger pense en termes de peuple à échelle mondiale. Il pense que le Wakanda a les moyens d'aider les autres nations du monde alors pourquoi ne pas être intervenu quand le peuple noir en avait le plus besoin ? Pourquoi ne pas mettre toute cette technologie et se savoir faire à disposition au lieu de les cacher égoïstement et rester enclaver ? Ses objectifs en un sens sont nobles et non pas purement maléfique. C'est cette profondeur et cette proximité avec T Challa qui en fait un personnage intéressant à suivre au-delà du charisme et de la qualité d'interprétation de Michael B Jordan. C'est ce qui en fait un antagoniste de grande valeur contrairement à Ulysses Klaue.
Cela me permet de rebondir sur les défauts du film en commençant par la performance d'Andy Serkis qui est dans le registre de la caricature. Il faut dire qu'il n'est pas aidé par une écriture très manichéenne et manque cruellement d'épaisseur. Tout ce qui concerne son arc est inintéressant, indigeste mais utile. Du temps de film gâché qui ne met pas dans de très bonnes dispositions pour la suite.
Hélas, il y a également le sacro-saint cahier des charges de la franchise qui doit être respecté et qui nous rappelle que nous sommes bien chez Marvel. Il faut nécessairement bourrer le film avec des grosses scènes d'actions, du gigantisme, du CGI à gogo, et une dose d'humour. Sur ce dernier point, il faut reconnaître qu'ils ont été très soft, ça n'est pas marrant certes, mais ça n’est pas lourd non plus et ça ne court-circuite aucune scène. Par contre la mise en scène des séquences d'action, elles, ne sont pas superbes. Pour les phases de combat au corps-à-corps, la caméra est à mon goût trop près pour que l'action soit parfaitement lisible, d'autant plus que de ce que l'on peut voir la chorégraphie n'est pas très inventive et manque de style. Quand je parle de gigantisme, je fais référence au climax final avec ses trois batailles simultanées. La confrontation entre Killmonger et T'Challa était largement suffisante, il n'était pas indispensable selon moi de rajouter un affrontement entre la garde royale menée par Okoye (Danai Gurira) et les hommes de W'Kabi (Daniel Kaluuya) accompagné de Rhinocéros en CGI. Pas plus que de mettre Martin Freeman dans un vaisseau pour une bataille façon Star Wars.
Je dirai pour finir que Black Panther n'est pas le désastre que je craignais voir, toutefois sur l'aspect de la mise en scène, c'est de loin le moins réussi de la jeune carrière du réalisateur. Ce qui le sauve, ce sont ses interprètes, une direction artistique réussie sur de nombreux aspects et les thèmes qu'incorporent Ryan Coogler. Aux dernières nouvelles Marvel souhaite renouveler sa collaboration avec le cinéaste pour la suite des aventures de T'Challa. J'espère que cette fois, il décidera de décliner l'offre afin de se concentrer sur des projets dans lesquels ses talents seront mieux employées.
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le 16 févr. 2018
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