On apprenait avec tristesse le 28 août 2020 le décès de Chadwick Boseman, le seul et unique Black Panther, vrai symbole du MCU et de la pop culture en général. Une fois remis de leurs émotions, de nombreux fans étaient torturés par une question : comment la suite du film de 2018 allait-elle pouvoir exister ? La Maison des Idées avait plusieurs choix : recast, reprise du costume par un personnage secondaire, signer la fin du Black Panther... mais dans tous les cas, l'absence de Boseman se ferait sentir tant il est difficile de passer après son interprétation. Kevin Feige a ainsi eu l'excellente idée de ne pas recast T'Challa afin de lui rendre un vrai hommage à travers un film renommé «Black Panter : Wakanda Forever » qui mettrait bien plus en avant l'univers autour de la panthère noire que la panthère elle-même. L'argument principal du trentième long-métrage du MCU était sans conteste la première apparition sur grand écran du prince des mers, Namor, un personnage avec une certaine importance dans les comics qui selon les bandes-annonces bénéficierait d'un travail d'adaptation plutôt classe. On ne reviendra pas sur le scandaleux combat pour la sortie en salles qui aurait pu nous priver de 2h40 de Marvel au cinéma. La durée annoncée était en effet conséquente et quel soulagement après un Doctor Strange et un Thor bien trop courts. La hype montait alors petit à petit et le résultat ne déçoit pas.


Attention spoilers


Le point qui fâche le plus et qui ces derniers temps vaut à Marvel Studios des moqueries est les CGI. Ils n'ont définitivement pas l'air déterminés à corriger ce problème et après la tête flottante de Love and Thunder et la modélisation discutable de She-Hulk, les envols de Namor font légèrement pitié visuellement. Ils essaient la plupart du temps de masquer ces soucis de CGI et de fonds verts en faisant des séquences nocturnes ou en floutant l'image, ce qui donne un résultat encore moins beau : c'est très frappant lors du passage rapide dans la forêt. Les séquences d'action sont également un peu faibles techniquement entre montage aléatoire, caméra tremblante et manque de grandiose lors du climax. Les séquences citées restent efficaces mais elles auraient été réellement impressionnantes avec des effets spéciaux à la hauteur. Certains moments et plans tels que la séquence de la visite de Talocan ou à peu près tout ce qu'on voit dans le premier trailer sont malgré tout vraiment beaux. On ressort de la salle avec (presque) une seule envie : replonger dans la cité sous-marine qu'on a trop peu vue.


Une des principales forces de Ryan Coogler dans ses deux réalisations pour le MCU est sa manière de dépeindre des cultures et mettre en image des lieux fictifs. Le Wakanda est toujours un endroit sublime avec son mélange de traditions et de haute technologie. Voir les différentes tribus ou les rituels apporte vraiment quelque chose à l'élaboration de l'univers et notons le soin apporté aux costumes ainsi qu'à l'accompagnement musical qui nous immerge davantage. Avec Talocan il crée un nouveau lieu, un nouvel environnement et une nouvelle culture qui mérite un programme à lui seul. L'inspiration aztèque est une excellente idée d'adaptation qui s'intègre parfaitement à l'univers. Il bâtit tout cela au centre d'enjeux politiques concernant la dangerosité du vibranium et du Wakanda. Ces enjeux conséquents permettent au réalisateur de prolonger ses messages à propos du colonialisme ou de la persécution. C'est également cette partie qui constitue tout le teasing pour le futur du MCU avec Valentina Allegra de Fontaine qu'on reverra dans Thunderbolts et j'imagine dans Captain America : New World Order. La face plus terre-à-terre du MCU est passionnante et en voir un peu ici est très plaisant. Il est juste regrettable de parler d'une attaque du Wakanda pour au final ne plus du tout aborder la question dans la suite du film.


Attendu depuis des années, Namor signe enfin son arrivée dans le MCU et s'avère être la plus grande réussite de ce Wakanda Forever. Interprété par un Tenoch Huerta en grande forme, cet antagoniste vole la vedette au Black Panther dès la première séquence où il apparaît (avec ses soldats) comme une menace maritime puissante et sans pitié. Après Killmonger, Coogler nous propose pour la seconde fois un méchant charismatique avec des raisons compréhensibles. Animé par la haine de la surface qu'il voit comme un vrai danger, ce roi et même ce dieu ne cherche qu'à préserver son royaume ainsi que son peuple, ce qui dresse alors un parallèle avec la protagoniste. Il est parfaitement iconisé par la caméra du réalisateur entre gros plans qui inspirent la peur et plans moyens qui montrent sa grandeur avec une lumière centrale parfaitement placée lors des passages aquatiques. Il rejoint les rangs des excellents vilains du MCU et j'ai déjà très hâte de le revoir.


Afin de lui tenir tête, le Wakanda peut compter sur sa nouvelle Black Panther : Shuri. Ce nouveau statut lui permet de s'éloigner de son rôle de side-kick pour être largement développée. Son évolution tourne sans surprise autour du deuil de son frère et par extension de Chadwick Boseman. C'est quand elle réussit à le faire qu'elle peut et veut prendre le relais dans le costume qui devient une figure plus que jamais importante pour rassurer le peuple du Wakanda et l'amener à la victoire. Elle passe par un dilemme passionnant sur ses motivations ou sa manière de diriger le royaume. Elle est ainsi partagée entre la vengeance suite à la mort de sa mère (qui par ailleurs est très intéressante dans cette suite) et la sagesse que lui a enseignée son frère. Ce questionnement justifie un cameo inattendu et forcément réjouissant. Letitia Wright est convaincante dans le costume bien qu'elle n'atteigne pas le charisme légendaire de Chadwick Boseman. J'aime beaucoup le fait que ce soit un "Wakanda Forever" qui vainc Namor : comme le logo le signalait, le Wakanda est plus important dans ce film que le Black Panther, c'est une belle symbolique. Elle est entourée d'une Riri Williams aka Ironheart qui fait ses premiers pas dans l'univers avant sa série solo l'année prochaine et qui est plus introduite que vraiment exploitée.


Black Panther : Wakanda Forever est ainsi un bel hommage au regretté Chadwick Boseman. Ryan Coogler ne se perd pas dans l'émotion facile et n'oublie pas de faire évoluer ses personnages tout en introduisant un Namor qui surfe sur le film grâce à son écriture ou son charisme. Les environnements et les cultures magnifiques servent de champs de bataille à des enjeux politiques captivants et traités avec sérieux. La durée conséquente devrait être une moyenne pour le MCU tant elle permet de développer beaucoup d'aspects. Mes deux visionnages sont passés très vite, j'attends désormais un troisième film.

BestPanther

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