Difficile de savoir ce qu'on peut penser de ce documentaire réalisé avec trois bouts de ficelle par une Agnès Varda en vacances en Californie, avec son pote Jacques Demy. La qualité est datée, la traduction est encore plus datée ... mais le montage reste irréprochable, comparé aux moyens dont disposait Agnès Varda.
C'est un documentaire puissant et violent, farouchement engagé pour la cause des Black Panthers, et radicalement opposé à la police d'Oakland. Mais le propos reste honnête, et hormis sur les deux dernières minutes, Agnès Varda se refuse à toute forme de commentaire personnel : cela nous laisse 24 minutes de matière brute, des interviews directes d'activistes des Black Panthers en plein meeting contestataire à Oakland, en 1968, pour obtenir la libération d'un de leurs leaders idéologiques, Huey Newton.
Boubous multicolores sous les blousons de cuir noir, fusil à l'épaule mais chants gospel, bérets de milice vissés sur la tête sauf quand les coupes afro "natural hairstyle" l'empêchent ... et des paroles en liberté, où les Panthers expliquent comment ils forment leurs brigades de défense, et comment ils comptent faire sécession d'avec les USA. En bonus, des extraits d'un discours de Stokely Carmichael, le premier leader des Black Panthers.
Un documentaire sans concession, rigoureusement honnête : la plongée la plus directe dans l'afro-communisme de l'époque. Rien à redire, presque un documentaire pur jus.
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