Il faut toujours se méfier quand la critique est unanime. Soit elle a été gavée de petits fours et de champagne pendant la projection de presse soit ils étaient trop pressé pour le bouclage et ils ont juste réutilisé ce qu'on leur disait dans leur dossier de presse.
L'idée de départ était pourtant excitante, les films sur le ballet n'étant pas légion, le casting avait de quoi allécher la critique : Portman que tout le monde aime et qui n'avait jamais eu auparavant à porter un film d'envergure sur ses seules épaules, un Français estampillé international pour faire exotique, Cassel, une star sur le retour Winona Ryder. Et sur ça, rajoutons les thèmes de la compétition, de la recherche de la perfection et de la paranoïa, traditionnels mais souvent efficaces.
Et bien tous ces ingrédients ne suffisent pas. Le soufflé n'arrive jamais à monter parce qu'il y a trop de grumeaux, des scènes superflues (on a bien compris que la fille sombre dans la folie, faut arrêter le coup des reflets des miroirs qui ne correspondent pas et les autres trucs vus et revus des films d'horreur), des personnages trop caricaturaux (la mère botoxée et castratrice qui a du mal a accepter que sa fille puisse faire mieux qu'elle, le pygmalion collant, les rivales sans scrupules et surtout l'oison prude et stressé que joue Portman) et puis finalement le scénario qui file la métaphore du ballet sans vraiment de surprise.
J'avoue que quand j'ai vu le Lac des Cygnes à l'Opéra, je me suis endormie. Là, c'était pas possible, la musique était trop forte. Cependant, tout cela reste mangeable, même si cela reste un peu sur l'estomac, et il y a des bonnes scènes bien répulsives et qui font ressentir la torture que s'inflige la danseuse pour réussir (le sang, les ongles, les grattages, les craquements des os).
Je trouve surtout que le film pèche par son hésitation stylistique : d'un côté, le film se veut au plus près de la réalité, en reprenant les codes du documentaire (image avec beaucoup de grain, caméra à l'épaule) tout en lorgnant sur le film d'horreur classique à grands moyens (effets spéciaux spécieux, trucs de mises en scène efficaces mais éculés). Le film aurait été bien plus efficace s'il était resté au niveau de la réalité, qu'il suffit de tordre un tout petit peu pour lui donner une "inquiétante étrangeté".
Moralité : je suis bien contente que ma mère ne m'ait pas forcée à faire de la danse classique.
Mais où ai-je bien pu mettre ma lime à ongle ?
Erratum : Je remercie Flagadoss pour ce beau titre très littéraire.