« Black Swan » n'est pas seulement un grand choc artistique, il appartient aussi à la catégorie des films inclassables, pour ne pas dire « impossibles » ! Tous les genres semblent ainsi contenus en son sein : thriller, drame, fantastique, comédie musicale, conte de fées, horreur... Tous les genres, mais aussi tous les arts, comme s'il s'agissait là d'une œuvre « totale » : l'image, les sons et la musique, la danse... jusqu'à la peinture, à travers les portraits que réalise la mère de l'héroïne en pleurant ! Tel un grand mystère, le film de Darren Aronofsky s'apprivoise doucement et empile successivement les pièces qui conduisent finalement à l'émerveillement le plus inouï...
Dans le milieu de la danse classique, Nina (sublime et inspirée Natalie Portman !) décroche l'audition pour incarner à la fois le cygne blanc et le cygne noir dans une nouvelle version du « Lac des cygnes » de Tchaikovsky par un chorégraphe mystérieux (Vincent Cassel). Mais à trop vouloir en faire, à force d'un travail harassant, la jeune femme semble réaliser un voyage au cœur de la folie, et peut-être même bien aux portes de la mort !
En racontant l'évolution de la danseuse du cygne blanc au cygne noir, mimant ainsi la destinée du célèbre et gracieux animal du ballet, Aronofsky filme en réalité le passage d'une innocence vers une force éminemment obscure. Nina se transforme peu à peu en son double inversé : d'une petite fille sage et obéissante, elle deviendra une femme fatale et effrayante... De la lumière vers l'obscur, c'est aussi un voyage à travers le double que propose le cinéaste. Avec le personnage de Lily, étonnante et troublante figure dans la vie de Nina, qui représente à la fois une altérité séduisante (mais corruptrice !) et une unité fusionnelle, les deux jeunes femmes finissant par se « consommer » lascivement... Mais bien au-delà du seul plaisir lesbien ou d'une réponse à des pulsions intimes qui la tourmentent depuis trop longtemps, c'est avant tout en elle-même que Nina plonge alors, complètement et inconditionnellement ! Elle passe à travers ces miroirs qui ne cessent de l'entourer quotidiennement, pour ne pas dire de la cloisonner et de l'enfermer en elle-même...
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