Black Swan, Des bonnes idées et puis c'est tout...

« Et l'Oscar 2011 de la meilleure bande originale est attribué à: Piotr Ilitch Tchaïkovski pour Black Swan ». Dans un monde idéal, ou peut-être dans le monde de Darren Aronofsky (le réalisateur de Black Swan), l'ami Piotr se lèverait très ému au milieu d'une foule d'applaudissements pour aller chercher sa statuette et ferait un très long discours devant une foule de sourires crispés, dont pas un seul n'oserait lui dire qu'on comprend rien quand il parle Russe (comme dans un bon détournement de Mozinor). Ah oui et aussi dans un monde idéal, Black Swan n'aurait pas d'autres récompenses (à part pour Nathalie Portman).


Les encouragements du conseil de classe...

Ne me faites pas dire ce que je n'ai pas écrit : Black Swan est un bon film. Mais qui a le potentiel pour être excellent. A trop vouloir en faire il est toujours dans l'ébauche. (Remarquez selon certaines théories, l'ébauche est plus belle que l'œuvre achevée...) Pour ceux qui ont passé les 5 derniers mois dans un [mettre ici le nom d'un objet incongru et rigolo], Black Swan c'est l'histoire d'une danseuse classique, choisie par son maitre de ballet manipulateur (Vincent Cassel) pour jouer à la fois le rôle du cygne blanc et du cygne noire dans Le lac des cygnes de Tchaïkovski. Jeune fille craintive et timide, idéale pour le cygne blanc, elle va devoir apprendre à lâcher prise pour rendre la sensualité du cygne noir. Mais cette transformation ne se fera pas sans dommage pour la santé mentale de la jeune étoile. Comme dirait le bon Lapalisse, c'est donc un film sur la danse et sur la folie. Malheureusement le film se perd entre les deux. Les longues semaines d'efforts de la danseuse, les difficultés, les blessures... Tout ce combat semble se dérouler en quelques jours. La dérive dans la folie, entre hallucinations et paranoïa sent parfois le réchauffé (au-delà de quelques clins d'yeux évidents à Shining ou Batman : le défi pour ne citer qu'eux). La relation avec la mère, qui semble elle-même largement prédisposée à la folie, celle avec l'ancienne danseuse éclipsée ou même celle avec le maitre de ballet manipulateur ne sont jamais vraiment approfondies. La fin est trop brutale. On reste sur sa faim justement. Sur le plan formel, les images sont belles mais la réalisation assez monotone. Les longs mouvements tournants autour de Nathalie Portman (la moitié du film) finissent par lasser et on aurait voulu quelque chose de plus audacieux.


... à la perplexité générale.

Il est difficile de se faire une idée de Black Swan. La performance de Nathalie Portman est impressionnante, c'est l'une des certitudes. Il y a beaucoup de bonnes idées, de pistes qu'on aimerait voir approfondies, tant sur la folie que sur ce milieu difficile qu'est la danse classique (la rivalité entre danseuses par exemple). Mais cette apparente superficialité est-elle volontaire pour laisser libre la réflexion du spectateur ou bien un véritable manque de profondeur ? C'est difficile à dire. Quoiqu'il en soit, et c'est peut-être la force du film, il y a deux manières de regarder Black Swan. On peut refuser de se laisser emporter par la musique (sublime !) et voir tous ces petites imperfections, ces esquisses jamais terminées et regretter qu'un bon film manque de si peu le chef d'œuvre. Ou bien l'on peut se laisser emporter dans le tourbillon du ballet de Tchaïkovski et par l'interprétation de Nathalie Portman pour passer ainsi un très bon moment de cinéma.
OrsonneOuellsse
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le 18 oct. 2011

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OrsonneOuellsse

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