Pour les amateurs du genre du survival animalier, ceux faits avec sérieux, le nom de Andrew Traucki n’est pas inconnu, puisqu’on lui devait en 2007 le premier Black Water, que j’avais apprécié bien qu’en n’ayant absolument aucun souvenir du dit métrage vu à l’époque, et de l’excellent The Reef en 2010, film de requin tout en subtilité et jouant plus sur l’attente et l’ambiance que sur la présence de requins en CGI. Il aura bien signé par la suite The Jungle en 2013, à très mauvaise réputation, mais honnêtement, je ne l’ai pas vu, et je pense que beaucoup ne l’ont pas vu non plus. En survival Australien dans la jungle, on retient plus facilement Jungle de Greg McLean en 2017, film plutôt solide. Bon, et bien Andrew Traucki décide de revenir sur le devant de la scène en 2020, en livrant une suite à son premier film, Black Water donc. Enfin, une suite. Un nouveau survival animalier avec un crocodile se déroulant en Australie, rien de plus, rien de moins, Black Water Abyss. Sauf que ce coup-ci, il décide de placer le cadre de l’action dans une grotte envahie par les eaux. Quatre personnages, un lieu peu éclairé, claustrophobe et d’où le danger peut surgir de devant, derrière, mais également d’en dessous, et un crocodile plutôt affamé. Est-ce que la formule fonctionne en 2020 ? Est-ce que les pauvres crocodiles vont enfin avoir droit à leurs Dents de la Mer ? Car si les bestioles ont moins de nanar à leurs actifs comparés aux pauvres requins, il faut avouer que c’est rarement excellent. Oui, Crawl, Solitaire, c’était sympa, mais rien d’inoubliable. Et ne me lancez pas sur la saga Lake Placid, ou sur le récent The Pool. Et le génial et nanar Crocodile Fury est hors compétition bien entendu. Black Water Abyss avait donc pour mission de relever le niveau. Le souci, c’est qu’il n’y parvient pas vraiment, sans pour autant être une purge.
Le réalisateur ne change en tout cas aucunement son style ou sa feuille de route, le crocodile sera peu montré, sa présence sera souvent suggérée, par des mouvements dans l’eau, des sons, des possibles mouvements dans l’obscurité, ou tout simplement un mauvais pressentiment de la part des personnages. Mais justement, le premier souci du film viendra des personnages, et de son écriture. Car nous sommes bien d’accord pour dire que le genre est un genre très codifié, et souvent très minimaliste dans son scénario et son approche, se limitant très souvent à des huis clos, du moins chez le réalisateur. On ne demande donc pas une profondeur dans l’écriture du récit, mais des personnages crédibles, un peu futés, auxquels l’on peut s’identifier, et que l’on arrive à apprécier durant la durée du métrage, à savoir ici 1h38. Et à ce niveau, le métrage échoue. Déjà car les personnages se lancent à l’aventure alors qu’ils ne sont absolument pas préparés, et surtout car ils se lancent dans une grotte perdue au milieu de nul part alors que tous les signes sont là pour qu’ils ne descendent pas. Un couple de Japonais disparus dans les environs peu de temps avant et pas encore retrouvé (que l’on voit en scène d’ouverture se faire bouffer), un ouragan tropical en approche et qui risque donc de faire descendre dans la dite grotte un beau paquet de flotte… De plus, les personnages sont pour la plupart des novices. Un homme qui a trouvé la grotte mais n’est jamais descendu, un journaliste qui a l’habitude d’écrire ses papiers bien installé dans son hôtel, l’héroïne peut habituée au terrain, et sa pote qui est enceinte. Rajoutons que l’héroïne est un brin claustrophobe et vous avez là une bien belle équipe. Après, si il s’agissait d’une équipe qui n’a peur de rien, qui n’a aucun point faible, ça n’aurait sans doute pas été passionnant non plus, mais quand même. Si encore le film jouait bien sur l’efficacité et la tension, voilà que l’on pourrait pardonner. Sauf que là non plus ce n’est pas la folie.
Mention spéciale pour le coup au scénario, simple comme toujours avec le genre, mais qui tente malgré tout, une fois des personnages en moins dans la dernière demi-heure, de rajouter des arcs narratifs pour maintenir l’attention, mais qui ne servent strictement à rien. Et le crocodile dans tout ça ? Comme prévu, peu présent à l’écran, mais constamment dans la grotte pour faire monter la tension, ça ne fonctionne pas sur la durée, le réalisateur ayant recours encore et toujours aux mêmes éléments pour nous signaler sa présence, pour teaser sa future attaque. Des goutte d’eaux qui font des petits bruits, une petite vague à la surface, un silence beaucoup trop lourd dans un endroit exigu et forcément propice aux attaques. Voilà en gros les trois types d’annonce que le film va nous offrir, tout le long. Rien de plus. Le crocodile sera finalement peu montré, et il faut avouer que c’est tant mieux. Mais que ces attaques sont brouillonnes, et souvent filmées avec les pieds, abusant de gros plans avec un montage ultra cut. De temps en temps, l’on devinera un œil, ou une mâchoire, mais rien de plus, avant de voir finalement du sang dans l’eau, et voilà. Sauf que forcément, le crocodile, il faudra par moment le montrer un peu plus, notamment dans le final, et son rendu visuel en CGI n’est pas bien glorieux. Comme souvent dans ce genre de productions au final vous me direz. Un métrage décevant sur toute la ligne, qui n’ajoute rien au genre, et ne parvient même pas à être véritablement efficace. On a vu pire, mais on a également vu mieux.