• Alors cette grotte ?

  • Ce que je peux vous dire, c'est qu'elle est inexplorée. Elle est sur aucun site de spéléo.

  • C'est justement l'aspect qui m'excite pas trop.

  • Tout va bien.



Black Water: Abyss se présente comme un film d'horreur à petit budget situé en Australie d'une intelligence imparable puisque avec des ressources de production limitées le réalisateur Andrew Traucki va mettre en place un cadre extraordinairement propice pour retranscrire une angoisse permanente. Une angoisse sous forme de survie que l'on doit à la localité de l'action située au fond d'une grotte dont l'entrée s'est écroulée avec un bassin d'eau d'une noirceur effrayante et intimidante qui ne cesse de monter à mesure que le temps passe avec en son centre tapis dans les abysses un mangeur d'hommes, un crocodile. Un survival horror claustrophobique qui joue essentiellement d'une ambiance oppressante à travers une torsion psychologique qui s'intensifie à mesure que la tension grimpe jusqu'à ce que l'action brutale éclate, laissant de côté certaines facilités du genre comme le jump scare facile, les actions surabusées, ou encore une utilisation abusive d'hémoglobine. Le film regorge de morceaux musicaux de premier ordre que l'on doit à Michael Lira et qui alimentent habilement les différentes perturbations.


L'intrigue prend son temps pour mieux submerger le spectateur dans une grotte sombre où un crocodile féroce attend nos jeunes spéléologues. Le crocodile est hyper réaliste. Un remarquable boulot de conception qui allie des plans tirés de véritables crocodiles mélangés à des prothèses savamment mis en scène, à un point où l'on ne sait plus ce qui est vrai ou faux. Une menace crédible d'une morphologie imposante qui ne dépasse jamais la véritable taille des plus gros crocodiles. Un danger représenté tel un spectre d'une patiente et d'une furtivité imparable qu'on ne voit dans son entièreté que durant le final. Les scènes d'attaques sont nerveuses, le plus fort vient de l'attente interminable due au stress lorsque l'on voit la moindre bulle d'eau remontée à la surface. On en devient paranoïaque. Le choix du cinéaste d'avoir opté pour un crocodile qui n'est ni exagéré dans la taille, ni dans son attitude à travers une réalisation qui façonne avant tout l'imaginatif via une insécurité illustrée par une réalisation intelligente qui joue habilement de l'éclairage autour d'un simple plan d'eau au fin fond d'une caverne faisant office de prison rend le tout terriblement efficace.


Les différents personnages illustrés par "Jennifer" (Jessica McNamee), "Éric" (Luke Mitchell), "Yolanda" (Amali Golden), "Viktor" (Benjamin Hoetjes) et "Cash" (Anthony Sharpe) amènent suffisamment d'intérêt de par le relationnel qui les unis et de par les situations périlleuses auxquels ils doivent faire fassent qu'on en vient à s'inquiéter pour chacun d'eux. La raison qui pousse cette bande d'amis à aller faire de la spéléologie est logique, puisque Éric, Cash et Yolanda sont des amateurs d'aventures et l'idée de découvrir une grotte encore inexplorée afin de pouvoir la baptiser ne peut qu'être un vecteur crédible de motivation suffisante pour des sportifs comme eux. Une bonne raison pour se lancer dans cette aventure. Les comédiens amènent une tension palpable lorsque ceux-ci mettent un pied dans l'eau, où font de la plongée en tentant d'esquiver les attaques incessantes du crocodile tout en tentant de trouver un chemin exploitable pour s'évader de cette prison souterraine gardée par un gardien impitoyable.


CONCLUSION :


Black Water: Abyss d'Andrew Traucki est un film d'horreur autour d'un crocodile mangeur d'hommes d'une efficacité redoutable qui met incroyablement à profit un environnement austère autour d'une intrigue rondement menée qui ne déborde jamais dans l'exagération totale. Tout comme John Carpenter (attention je ne dis pas qu'Andrew Taucki est le nouveau Big John) Traucki parvient avec un petit budget à retranscrire des effets techniques incroyables avec une menace d'une crédibilité redoutable avec le crocodile. Le cinéaste prouve qu'avec de la volonté, de l'imagination et de l'inspiration, le manque d'effets spéciaux et de budget peut être contourné par une réalisation intelligente.


Loin d'être un prototype typique du genre, Black Water: Abyss s'affirme comme un excellent film de "survie horrifique".




  • Faut sortir à la nage.

  • T'as raté un truc ? Y a un putain de crocodile dans la flotte!

  • Ton portable est étanche ?

  • Oui.

  • Parfait. De l'entrée, on appelle les secours. Après, on récupère ton flingue et on le bute. Après ce passage, tout ira bien.

  • Tout ira bien, hein ? Non!

  • J'ai mon couteau. Si le croco approche, je le crève.

  • Génial! Il se prend pour Crocodile Dundee.


B_Jérémy
8
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le 12 mai 2021

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