Remake d'un film de Bille August, Blackbird aborde le thème de l'euthanasie avec naturel, équilibrant les moments de légèreté et de gravité. Reste que tout est relativement convenu, non à propos du choix de partir du personnage principal, mais dans la représentation traditionnelle d'une famille américaine, avec ses côtés dysfonctionnels et ses petits secrets qui remontent à la surface mais ceci sans altérer in fine l'union sacrée autour d'une décision qui fait oublier les dissensions. Plus qu'un film de cinéma, Blackbird a tendance à ressembler à une pièce de théâtre bien construite pour susciter l'émotion mais sans trop solliciter les glandes lacrymales, quoique. Le tout se passe dans une maison au bord d'un lac, un paysage empreint de luxe, calme et volupté sans qu'aucun voisin ou personnage extérieur n'ait la moindre chance d'apparaître à l'écran et de perturber une mécanique mélodramatique et confinée. En l'absence d'éclat de la mise en scène, le film repose totalement sur ses interprètes et là, il faut avouer que Roger Michell a les acteurs idoines pour jouer une partition impeccable, sans en faire trop. A commencer par Susan Sarandon, digne et presque aussi rayonnante qu'au temps où elle était Louise, dans un célèbre film de Ridley Scott. Pour lui donner la réplique et ne pas lui voler la vedette, qui mieux que l'épatant Sam Neill ? Quant à Kate Winslet, physiquement assez méconnaissable, elle est à l'unisson dans un rôle qui lui convient à la perfection, laissant de l'espace à ses autres camarades de jeu. Dans Blackbird, c'est la sérénité et la paix qui gagnent la partie face à des situations conflictuelles vite désamorcées mais c'est évidemment le contraire qui aurait été une surprise.