Elene Naveriani, jeune cinéaste née en 1985, Géorgienne résidant en Suisse, se considérant comme non-binaire, adapte pour son premier long-métrage un roman signé Tamta Mélachvili, autrice et militante pour la cause des femmes, intitulé Merle, merle, mûre. Si le film est clairement féminin, il a une portée universelle grâce à l’empathie que suscite le personnage d’Éthero, femme seule dans un village dont les mauvaises langues la tourmentent et où les traditions pèsent comme un fardeau, pendant que son propre passé, de surcroît, la conditionne.
Éprouver la mort a été le salut d’Éthero, qui depuis cette expérience veut goûter à la vie et sortir d’une vie solitaire sans passion. Les mûres qu’elle récoltent au bord du précipice au son d’un mélodieux merle vont devenir un fruit charnel, qu’elle ne croquera plus sans innocence. La progressive « réincarnation » d’Éthero empruntera des chemins à la fois insolites, drôles, sensuels, pudiques, passionnés, poétiques, aventureux, surprenants. La subtilité, la délicatesse, le soin des détails, de rares symboles donnent au film une force sourde mais sûre - les rencontres entre Éthero et son amant le démontrant, l’excellente actrice Eka Chavleishvili parvenant, grâce à une expressivité remarquable, transmettre tous les sentiments qui passent en elle, sans l’aide de la parole.
Bâti autour d’une dialectique vie / mort qui donne lieu à des événements inattendus et apporte une touche d’espoir en offrant un futur à une femme qui semblait condamnée à ne plus exister, Blackbird, BlackBerry se veut optimiste et résilient, plus que militant et féministe, démontrant qu’avec un peu de courage et d’audace il est toujours possible de reconstruire un avenir, même lorsque cela semblait impossible.